Le passé n'en a pas fini avec nous. Cet adage n'a jamais été aussi vrai que dans le cinéma horrifique. Depuis la renaissance réussie de la série Scream, toutes les grandes licences de l'épouvante tentent leur retour. Si cela a fonctionné plus tôt cette année avec Final Destination et 28 Years Later, pourquoi pas I Know What You Did Last Summer?
Sorti en 1997, I Know What You Did Last Summer a grandement bénéficié de l'immense succès de Scream distribué l'année précédente et qui a relancé la mode du slasher. Mais là où le chef-d'oeuvre de Wes Craven s'avérait une satire délicieuse du genre, la proposition générique de Jim Gillepsie qui était également scénarisée par Kevin Williamson recyclait tous les clichés possibles et inimaginables. Le film a cependant cartonné au box-office (remportant plus de 125 millions de dollars pour un budget de 17), engendrant deux suites médiocres.
Ce nouveau long métrage s'avère, mode oblige depuis Star Wars: The Force Awakens, à la fois un remake et un reboot du film original, ainsi qu'une suite de I Still Know What You Did Last Summer (1998). L'histoire est la même - cinq amis qui sont indirectement responsables d'un accident mortel sont hantés par un mystérieux assassin au crochet - pour un résultat similaire qui ne passera toujours pas à l'histoire. Le reste se joue au niveau de la nostalgie et des clins d'oeil, aux années 90 et à sa musique, mais surtout au souci fétichiste de tout recréer. Les hommages sont ainsi tapissés de la première à la dernière image. Les séquences sentent volontairement le déjà-vu, à quelques variations près, et même la distribution de jeunes comédiens principalement issus de la télévision ressemble à s'y méprendre au casting original qui comprenait Sarah Michelle Gellar et Ryan Phillippe.
Si «la nostalgie est surfaite», pour paraphraser Jennifer Love Hewitt, une des deux survivantes qui refait surface aux côtés de Freddie Prinze Jr., il faudrait le rappeler aux deux scénaristes qui n'ont pas senti le besoin d'améliorer le film original qui était loin d'être transcendant. Les personnages sont toujours aussi fades et inconsistants, bien que l'écriture à saveur féministe apporte une fraîcheur qui est la bienvenue, et ils sont incarnés par des acteurs souvent inégaux qui sont obligés de déblatérer des dialogues idiots. Les rares changements bénéfiques apportés - rêves et discours méta - sont plagiés sur le cinquième épisode de Scream (2022).
Adepte de comédies loufoques (on lui doit les réalisations de Someone Great et Do Revenge, ainsi que le scénario de Thor: Love and Thunder), Jennifer Kaytin Robinson cherche clairement ses repères dans le registre horrifique. Sa mise en scène anonyme s'applique à recréer une simple recette en demeurant le plus souvent possible dans le premier degré. Hormis la seconde mort bien gore qui use avec un savant humour du montage parallèle, les autres séances de carnage laissent à désirer et les véritables frissons demeurent rares. Quelques problèmes de montage se font également ressentir ici et là, atténuant le sentiment d'urgence lorsqu'une victime tente d'échapper à son bourreau.
S'adressant d'abord et avant tout aux fans qui se délecteront des quelques surprises en place et de la scène cachée pendant le générique qui annonce évidemment une suite, I Know What You Did Last Summer tente de faire revivre un passé qui méritait simplement d'être enterré. Prévisible et inutile, cette énième itération d'un film à succès rappelle que la nostalgie est devenue la pierre angulaire d'un cinéma de plus en plus paresseux qui n'a peur de rien, si ce n'est de l'originalité. À quand des remakes de Urban Legend, The Faculty et Valentine? Il y a tant d'oeuvres oubliables et oubliées qui devraient le rester.