Six ans après que la terre ait vibré sous le poids des mensonges de Simon dans le film Menteur, voilà qu'elle s'apprête à trembler de nouveau, cette fois avec la comédie Menteuse, qui reprend la même trame fantastique que son prédécesseur. Dans ce nouvel opus, la grande menteuse suprême est Virginie, interprétée par Anne-Élisabeth Bossé, une femme attachante qui a pris l'habitude de mentir pour ne pas déplaire à ses interlocuteurs. Entre mensonge blanc et véritable menterie, il y a une différence. La protagoniste le comprendra à ses dépens.
C'est sur cette prémisse qu'est lancée Menteuse, ce film qu'on décrit comme la « comédie de l'été ». Est-ce que le résultat est à la hauteur des attentes? Plutôt oui. Plus rythmé et souvent plus drôle que le long métrage original, Menteuse devrait séduire un large public cet été, notamment grâce à ses têtes d'affiche aussi talentueuses que charismatiques. En ce sens, ne vous attendez pas à un caméo de la part de Louis-José Houde, qu'on a expédié dans une grotte dans un autre pays, pour lui éviter de mentir à nouveau. C'est la seule mention qui en sera faite.
Virginie, elle, a commencé à mentir pour ne pas brusquer les gens autour d'elle, pour éviter des frictions au sein de sa famille éclatée, voire seulement pour faire plaisir. Ce faisant, elle ne mesure pas la portée de ses actions, qu'elle trouve au contraire assez noble. Par contre, son conjoint Phil (Antoine Bertrand), qui avait dû reséquencer le multivers avec son frère Simon, voit le désastre arriver. Ce faisant, il a pris en note tous les mensonges que son amoureuse a lancés dans les dernières années, pour être certain de pouvoir les défaire, le cas échéant. Ensemble, ils seront pris dans une succession de multivers, tous plus déjantés les uns que les autres, ce qui mettra leur amour à très rude épreuve.
Pour cette nouvelle itération, l'auteur et réalisateur Émile Gaudreault - épaulé par Éric K. Boulianne et Sébastien Ravary aux textes - a mis la pédale au fond pour s'assurer de récolter des rires. Ce faisant, il offre une production loufoque où les multivers s'enchaînent et ne se ressemblent pas. Virginie devient ainsi une politicienne, puis une nunuche, puis une star de la téléréalité, tandis que son amoureux subit toutes les métamorphoses imposées, le faisant passer de drama queen à ado attardé. La meilleure amie, jouée par Catherine Chabot, en fait aussi les frais, passant de woke à cokée en un claquement de doigts. Certes, les blagues présentées dans Menteuse ne font pas nécessairement dans la subtilité, comme c'était aussi le cas dans Menteur. Au final, c'est grossier, c'est imparfait, mais c'est drôle.
Il faut en ce sens lancer des fleurs aux interprètes, qui donnent le meilleur d'eux-mêmes dans ce contexte plutôt dingue. Anne-Élisabeth Bossé est particulièrement surprenante. On la savait douée pour la comédie, mais rien ne semble lui faire peur dans cette proposition, où elle change de personnalité comme on changerait de chapeau. Cette femme peut définitivement tout jouer! À ses côtés, Antoine Bertrand est aussi drôle qu'on l'espérait, lui qui récolte évidemment les scènes ingrates, comme c'était le cas dans l'opus original. En victime pas très consentante, le comédien est toujours aussi magnétique. On peut aussi compter sur une distribution secondaire chevronnée pour nous mettre un sourire au visage, à commencer par Véronique Le Flaguais, Luc Senay, Pierrette Robitaille et Rémy Girard, qui enfilent les pitreries à vive allure. Parions que vous n'avez jamais vu Rémy Girard gambader ou chialer comme un enfant auparavant? L'étoile du match revient toutefois à Monika Pilon, qui s'illustre de plus en plus en comédie, qui offre ici certaines des meilleures scènes. Nous n'avons pas fini de la voir celle-là et c'est tant mieux!
En cette période où nos écrans sont inondés de productions américaines, pourquoi ne pas se tourner vers une comédie québécoise pour passer un bon moment de divertissement? Menteuse s'avère un bon choix cet été, d'autant plus que mère Nature ne semble pas vouloir nous gratifier de beaucoup de soleil en ce moment. C'est à voir à compter du 9 juillet!