L'intelligence artificielle est le sujet de l'heure et il commence à faire la pluie et le beau temps à Hollywood. Après l'IA qui cherche à dominer le monde lors du dernier épisode de Mission: Impossible, place à celle qui délire sans se poser trop de questions dans le beaucoup plus léger M3GAN 2.0.
On la retrouvait déjà à l'honneur de M3GAN (2022), prenant la forme d'un jouet robot humanoïde qui devait s'occuper d'une fillette (Violet McGraw) et qui finissait par se rebeller contre sa propre créatrice (Allison Williams). Il s'agissait d'une relecture de Child's Play pour une nouvelle génération de cinéphiles, utilisant l'horreur afin de rappeler la difficulté d'élever un enfant. Une production signée par les maîtres du genre Jason Blum et James Wan qui allait engendrer plus de 15 fois son budget.
Sa suite délaisse le suspense et l'épouvante afin de rejoindre un plus large public. Le scénario maintenant signé par Gerard Johnstone est un remake à peine voilé de Terminator 2: Judgment Day. M3GAN passe cette fois du côté des gentils et elle doit combattre AMELIA, une IA encore plus menaçante, afin de protéger ses proches. Outre le film culte de James Cameron, le long métrage paye hommage à plusieurs classiques du genre, comme Tron, RoboCop et Metropolis.
Il ne faut toutefois pas s'attendre à une réflexion poussée sur l'intelligence artificielle. M3GAN 2.0 n'a rien à voir avec 2001: A Space Odyssey, Blade Runner ou Ghost in the Shell. Il s'agit d'une série B décomplexée qui évacue d'emblée son potentiel humaniste ou philosophique afin d'embrasser les sensations fortes les plus primaires. Au lieu de réfléchir à son avenir, notre poupée tueuse se met au kung-fu pour terrasser ses adversaires! Plus grosse que son prédécesseur, cette suite se veut également plus stupide et mouvementée.
L'action mène le bal et elle se fait ressentir dès l'introduction qui démarre sur des chapeaux de roue. Ces séquences sont généralement spectaculaires, bénéficiant d'effets spéciaux à la fine pointe de la technologie et d'une mise en scène alerte de Gerard Johnstone (Housebound). À tel point que le reste du récit souffre des comparaisons tant le rythme s'avère relâché et les dialogues plaqués.
Le tout baigne dans un humour noir sardonique. L'ensemble embrasse la satire avec avidité, pour le meilleur et pour le pire. L'entité M3GAN est toujours aussi drôle et ironique avec ses répliques qui fondent dans la bouche. Ce n'est toutefois pas le cas des acteurs humains, surtout masculins. Mise à part Allison Williams (Get Out) qui se révèle à nouveau impeccable, les autres personnages de chair et de sang ne sont ni développés ni dignes d'intérêt.
En jouant sur un terrain plus accessible et familial que son prédécesseur (il y a bien quelques morts violentes, mais rien pour écrire à sa mère), le long métrage affiche rapidement ses limites. Ses excès sont filtrés par un second degré qui s'avère parfois contre-productif, comme c'est le cas lors de la conclusion sentimentaliste et moralisatrice.
M3GAN 2.0 a le mérite d'aller ailleurs en délaissant l'horreur. On ne peut toutefois pas parler d'une réelle prise de risques, comme le récent 28 Years Later. Les segments prévisibles sont toujours au menu, notamment celles où notre héroïne se met à danser et à chanter. Loin de la révolution attendue, le film amuse pourtant sans difficulté, rappelant que c'est souvent par le cinéma de divertissement que des sujets importants - comme ici l'encadrement de l'intelligence artificielle - sont abordés au grand jour.