Lucy (Dakota Johnson) est une entremetteuse new-yorkaise. Elle tente de trouver le prince charmant à ses nombreuses clientes et la femme idéale à ses clients difficiles. Forcer des rencontres pour former des couples heureux, voilà le travail de Lucy. Déjà, toute cette mascarade de critères, de recherches, de curriculum vitae et d’embauche est pathétique. Parce que c’est malheureusement vrai de nos jours : on ne recherche plus l’âme sœur, mais un.e partenaire. On ne veut plus un mariage d’amour, mais réussir une transaction.
La réalisatrice et scénariste Céline Song (qui nous avait donné le très beau Past Lives (2023), nommé aux Oscars dans la catégorie Meilleur film en 2024) a bien saisi ce triste esprit du temps. C’est cet aspect qui fait la principale force du film: l’écriture de Song est à la fois fine, lucide et cynique, offrant un regard intelligent sur le mariage de nos jours et sur le « marché de l’amour ». Les gens sont de plus en plus seuls et de plus en plus difficiles à satisfaire. Certains sont prêts à tout pour aimer et être aimés…
Maintenant, vous vous demandez sûrement si je suis bien en train de vous parler du film dont vous avez vu la bande-annonce, n’est-ce pas? En effet, l’emphase marketing sur la comédie romantique pourrait tromper ceux s’attendant à un film plus léger. Il s’agit ici plutôt d’une romance mélancolique et réfléchie. Les dialogues sont beaux, matures et contemporains et portés par des acteurs convaincants – sauf pour Dakota Johnson, toujours aussi terne et sans vie. Je serai aussi généreuse en mots ici pour décrire sa performance qu’elle l’a été en émotions dans le film, je vais donc simplement m’arrêter ici.
Les hommes qui interprètent les deux « options » de Lucy sont plus talentueux. Il y a Harry, l’homme parfait qualifié de licorne. Il est beau, grand, riche, charmant, attentionné… Pedro Pascal était tout indiqué pour l’incarner. D’autant que l’acteur chilo-américain est LA sensation de l’heure. Après ses rôles remarqués dans The Last of Us, Game of Thrones et Narcos, il est devenu le « zaddy » de ses fans, un surnom qui le qualifie d’homme attrayant, charismatique et financièrement stable.
Il a aussi John (Chris Evans), l’ex-petit ami, un acteur tentant de percer depuis des années et serveur à ses heures… mais tellement mignon et sincère (évidemment!). Ce triangle amoureux ne révolutionne pas le genre d’ailleurs, adoptant parfois une approche plutôt conventionnelle et totalement prévisible.
MAIS. L’entremetteuse, malgré ses quelques longueurs et sa tête d’affiche plutôt mièvre, est un film qui offre une réflexion moderne sur l’amour et les choix relationnels. Un film parfait pour une première « date » ou pour un vieux couple qui aurait besoin d’un petit coup de pouce. Discussions enflammées garanties! Les célibataires, quant à eux, sortiront peut-être du cinéma en tentant de trouver leur «zaddy» ou de reconquérir une ancienne flamme? Assurément avec une petite larme à l’œil en souhaitant (re)trouver l’amour… et surtout, d’y croire.