La troisième fois est la bonne pour The Fantastic Four qui bénéficie avec First Steps d'une adaptation assez impressionnante de la célèbre série de bandes dessinées de Marvel.
La popularité de The Fantastic Four ne s'est jamais démentie au fil des décennies. Personne n'a pourtant été capable de transposer cet univers correctement au cinéma. La tentative de 2005 (et sa suite) a échoué lamentablement et celle de 2015 n'était guère plus satisfaisante. Ce qui se rapprochait le plus de l'essence des écrits étaient les rigolotes animations The Incredibles et, sur un plan métaphorique, le puissant The Ice Storm d'Ang Lee.
Cette troisième proposition s'inscrit dans la mouvance du récent Superman de James Gunn en adoptant un ton plus positif et coloré, loin des sombres destins torturés du fascinant Thunderbolts. Pas besoin non plus de présenter les origines des super-héros. Tout est résumé en quelques minutes et le film débute au plus près des personnages. Tandis que Monsieur Fantastique (Pedro Pascal) et la Femme Invisible (Vanessa Kirby) attendent leur premier enfant, la Surfeuse d'argent (Julia Garner) débarque pour prévenir que la Terre sera bientôt détruite par Galactus (Ralph Ineson).
L'histoire qui a bénéficié de quatre scénaristes n'est pas la plus révolutionnaire. Elle est cependant claire et cohérente, racontée avec un savoir-faire évident. L'humour cocasse fait sourire sans être ridicule ou trop enfantin et il n'empiète jamais sur les thèmes en place que sont la famille, le sacrifice et l'unité. Malgré quelques dialogues plus moralisateurs, l'écriture demeure fine et l'émotion coule de source dans la dernière ligne droite.
La circonscription des péripéties et des personnages permet de délimiter le film qui possède un début, un milieu et une fin, ce qui est de plus en plus rare dans ce type de récit. Si le méchant ne paye pas de mine, la Surfeuse d'argent vaut son pesant d'or même si elle rappelle un peu trop Mystique des X-Men. Du côté des gentils, c'est la Torche humaine (Joseph Quinn) qui possède la courbe dramaturgique la plus intéressante et, inversement, la Chose (Ebon Moss-Bachrach) qui n'a malheureusement pas grand-chose à se mettre sous la dent. Charismatique à souhait, Pedro Pascal fait exister Monsieur Fantastique en dehors des stéréotypes et Vanessa Kirby apporte une humanité certaine à cette mère en devenir. C'est sans oublier la présence de H.E.R.B.I.E., un robot attachant qui transforme presque le long métrage en une variation de Lost in Space.
Mis en scène avec compétence mais sans style distinctif par Matt Shakman (la série télé WandaVision), l'ensemble peut compter sur une riche direction artistique - l'habillage rétro futuriste multiplie les hommages aux années 1960 - et une partition musicale mouvementée de Michael Giacchino, qui n'est pas sans évoquer son travail sur le mésestimé Speed Racer. Les séquences d'action lisibles et trépidantes se déroulent généralement dans des décors enchanteurs dotés d'effets spéciaux spectaculaires qui émerveillent en format IMAX.
Oeuvre faussement mineure, The Fantastic Four : First Steps s'avère drôle, charmant et extrêmement divertissant. Pourquoi se compliquer la vie avec deux douzaines de personnages et une multitude d'intrigues disparates si l'on peut se contenter d'une histoire simple et efficace qui ne se prend pas la tête inutilement? Après deux succès consécutifs, l'univers cinématographique de Marvel devient soudainement plus prometteur et reluisant pour l'avenir.