À une époque où même les films familiaux sont des remakes de titres à succès (How to Train Your Dragon, Lilo & Stitch), Elio représente un vent de fraîcheur dans l'industrie hollywoodienne.
Ce n'est pas toujours le cas des créations de Pixar, qui se sont spécialisées dans les suites (de presque tous leurs grands opus) ou les dérivés sans conséquence (Lightyear est le dernier exemple en date). Même leurs productions originales, comme Elemental, Luca et Onward n'arrivaient pas à la cheville de leurs chefs-d'oeuvre. Ces années de vaches maigres commencent enfin à tirer à leur fin.
Il faut toutefois être patient envers Elio qui tarde à dévoiler ses vertus. Après une jolie introduction tristounette et un tube indémodable des Talking Heads, le récit quelque peu fastidieux semble accumuler les clichés à la vitesse grand V. Elio est un orphelin qui cherche sa place dans l'univers et il n'arrive pas à trouver le bonheur sur Terre auprès de sa tante Olga, une militaire psychorigide. L'enfant devient le souffre-douleur de son entourage et il rêve d'être enlevé par des extraterrestres afin de fuir son quotidien sans intérêt.
Son souhait est finalement exaucé et c'est lorsque le jeune héros est transporté sur une autre planète que le long métrage change du tout au tout. L'originalité l'anime enfin et tout peut arriver. Cela donne des passages surprenants à saveur psychédéliques et des rencontres incroyables avec des entités uniques. On pense à un mélange de Monsters, Inc. et de Wall-E. Le désir est grand de vouloir arpenter ce lieu enchanteur et ludique qui tranche avec le sérieux de l'existence terrestre. Impossible d'ailleurs de ne pas se prendre d'affection pour Glordon, un jeune Alien qui enjolivera les jours gris de notre personnage principal.
Contrairement aux autres productions du genre, Elio ne mise pas tout sur la qualité de ses images. Bien que l'ensemble ne soit pas désagréable à regarder (c'est même tout le contraire), il n'y a aucune évolution technologique notoire au menu. Que du travail honorable de ses réalisatrices Madeline Sharafian (le court métrage Burrow) et Domee Shi (Turning Red) qui se sont bien entourées. Mentionnons à cet effet l'apport du compositeur Rob Simonsen et de l'ensemble des doubleurs, dont Zoe Saldana dans la version originale.
L'innovation a toutefois ses limites et le long métrage ne tarde pas à s'appuyer sur une recette qui a fait ses preuves. Celle de présenter des personnages drôles et attachants afin de river les enfants à l'écran. Leurs parents ne sont pas en reste et ils passeront leurs temps à relever tous les clins d'oeil aux classiques de science-fiction (de E.T. à Close Encounters of the Third Kind, en passant par Contact et même Invasion of the Body Snatchers).
Puis il y a cette émotion qui naît dès la première image et qui fait boule de neige, explosant à la toute fin. Les thèmes sont nombreux - deuil, solitude, difficulté à communiquer et à créer des liens, pression familiale et exutoire par l'amitié - et le scénario les exploite avec un savant mélange de douceur et de sensibilité. La conclusion appuyée et moralisatrice vient bien près de noyer le poisson, mais ces excès ne gâchent en rien le plaisir éprouvé.
Trois décennies après la sortie de leur premier long métrage (l'illustre Toy Story), un parcours qui a régulièrement touché le firmament et un récent passage à vide, Pixar revient lentement mais sûrement vers le droit chemin. Elio s'agit peut-être bien de leur effort le plus vivifiant depuis Soul. Il ne s'agit sans doute pas de leur projet le plus profond ou philosophique, mais certainement le plus charmant et amusant.