Les critiques élogieuses parues au cours des jours précédant la sortie en salles de Logan nous laissaient croire que le nouveau X-Men était un chef d'oeuvre du septième art. C'est avec excitation et quelques doutes en poche que nous sommes allés confirmer les dithyrambes. À la fois surpris et ravis, nous n'avons pu que constater que l'authenticité des glorifications de la presse : Logan est le meilleur film de la franchise et certainement l'un des meilleurs films de superhéros des dix dernières années.
C'est une panoplie de raisons qui justifient le succès de cette production : une réalisation sensible, une direction photo spectaculaire, des combats efficaces, des acteurs compétents, un scénario agile et une sensibilité ubiquiste et transcendante.
D'abord, Hugh Jackman. Le comédien (qui avait mentionné, il y a de cela quelques années, que le film Logan serait sa dernière apparition au cinéma dans le rôle de Wolverine) livre une performance spectaculaire. Son personnage, à la fois fragile, tourmenté et épuisé, est bien loin de la caricature ou d'un pastiche de ses propres interprétations passées. Le Wolverine dépeint dans Logan en est un grincheux, irritable, colérique et peu compatissant, mais il s'avère pourtant excessivement attachant. La petite Dafne Keen, qui incarne la mutante Laura, arrive à passer l'émotion sans avoir besoin d'employer des mots (parce qu'on ne peut pas dire qu'elle n'a pas beaucoup de répliques...) On comprend la souffrance de l'enfant sans qu'elle ait besoin de l'exprimer.
Patrick Stewart est également extraordinaire sous les traits d'un Professeur X vieillissant et sénile. L'équipe de maquillage mérite ici des éloges parce que l'acteur paraît avoir les 90 ans qu'on lui a conférés. La relation entre Wolverine et son vieil ami en est une très touchante. Bien que Logan n'ait pas la force psychologique pour se battre contre ses démons, il protège Charles comme un père. De ce duo atypique se dégagent aussi des pointes d'humour fabuleuses qui rendent l'ensemble un peu moins lourd.
Parce que, avouons-le, Logan est un film noir, lent et poignant où la violence est explicite (les têtes coupées tombent à un rythme effarant) et les drames douloureux. Cet aspect très sombre de l'oeuvre se révèle par contre être l'une de ses forces premières. Jamais on n'avait risqué auparavant une lourdeur de cette amplitude avec l'univers des X-Men. Il y a eu la franchise The Dark Knight de Christopher Nolan qui a osé apposer une touche de noir au monde de la bande dessinée, mais personne n'avait encore tenté l'expérience sur les mutants du Professeur X. Le résultat est plus que concluant! Les scénaristes ont même décidé de faire des liens directs avec les bandes dessinées originales en faisant d'un comic book un élément crucial dans l'intrigue.
Tant au niveau des effets spéciaux que des chorégraphies des combats, du montage sonore et de la réalisation, à la fois nerveuse et campée, Logan se distingue dans la cinématographie américaine, habituée à un carcan plus sage. Logan marquera les esprits d'une façon qu'aucun autre film des X-Men ne l'a fait auparavant. Le film plaira certainement aux irréductibles fans des bandes dessinées qui attendent depuis longtemps un long métrage aussi audacieux...
