En cette ère où les studios de cinéma replongent inlassablement dans leurs catalogues pour les remettre au goût du jour, il est plus que jamais pertinent de savoir séparer le bon grain de l’ivraie, de savoir ce qui vaut la peine et ce qui ne mérite pas notre attention. La nouveauté Karate Kid: Legends se situe à mi-chemin entre les deux.
On y fait la rencontre de Li Fong, un jeune prodige du kung-fu, épaulé par son oncle, un maître issu de la légendaire lignée des Han. Après une tragédie familiale qui a tout bousculé, la mère de Li décide de l’éloigner de son sport et de déménager leurs pénates dans la ville qui ne dort jamais, New York. Tout juste arrivé, Li développera de nouvelles amitiés, mais aussi une rivalité avec un karatéka du coin, qui évolue sous la gouverne d’un sensei impitoyable. L’affrontement est inévitable et il aura lieu lors d’un prestigieux tournoi de karaté, le 5 Boroughs. Lorsque M. Han découvre les limites de ses enseignements à son protégé, il fera appel à Daniel LaRusso du Miyagi-Do pour l’aider.
C’est dans ce contexte que les cinéphiles peuvent renouer avec deux légendes du cinéma d’action, Jackie Chan qui incarne le shifu Han et Ralph Macchio qui reprend son célèbre personnage de Daniel ‘San’ LaRusso. Le film débute d’ailleurs avec une séquence des plus nostalgiques, en 1986 à Okinawa, alors que le regretté M. Miyagi (Pat Morita) explique à un Daniel San adolescent les origines du karaté Miyago-Do. De quoi faire vibrer les adeptes de la première heure! C’est en marge de la réunion de ces deux légendes que le jeune Li Fong devra apprendre à marier deux arts martiaux, le kung-fu et le karaté, pour vaincre son nouvel ennemi.
La suite, telle qu’imaginée par le scénariste Rob Lieber, comporte son habituel arsenal du bon combattant : des séquences d’entrainement trépidantes sur de la bonne musique, des combats rythmés et stylés, des querelles amicales entre les deux maîtres, une amourette florissante et des incartades avec un antagoniste quelconque, à qui l’on ne confère ni profondeur ni intérêt. En ce sens, le réalisateur Jonathan Entwistle a fait un travail honnête pour porter le tout à l’écran, sans plus. Ne cherchant pas à faire évoluer le genre, il se contente de suivre les balises qui avaient été posées par d’autres avant lui.
À l’écran, si le jeune protagoniste Ben Wang s’acquitte bien de sa tâche, avec des séquences de combat plutôt intéressantes, c’est évidemment Jackie Chan et Ralph Macchio qui nous offrent les meilleurs moments du film, si courts soient-ils. Bizarrement, alors qu’on se plaint régulièrement de la longueur excessive des films, on aurait apprécié une quinzaine de minutes de plus à celui-ci, pour nous permettre de voir davantage des enseignements des deux légendes à leur shaolin. C’est trop peu, trop tard pour cet effort, expédié à la vitesse grand V, laissant dans le néant la plupart des personnages secondaires, parmi lesquels on retrouve le charismatique Joshua Jackson (oui, oui, le Pacey Witter de Dawson's Creek) qui se limite à taper du poing.
Cela dit, il se pourrait bien que les adeptes de The Karate Kid et du cinéma sportif asiatique trouvent leur compte dans cette relance sympathique, qui n’oublie pas ses origines et qui propose plusieurs clins d’œil amusant. D’ailleurs, si vous vous demandez si Karaté Kid: Legends fait un lien avec la populaire série Cobra Kai de Netflix, la réponse est oui! En ce sens, les dernières minutes du film vous feront assurément sourire. Ce faisant, on sort de Karate Kid: Legends heureux, mais avec souvenir délébile d’un film qui ne marquera pas les générations à venir.