Portée par un vent du large, la nouveauté québécoise Fanny, une charmante adaptation des romans jeunesse éponymes de Stéphanie Lapointe et Marianne Ferrer, arrive sur nos écrans pour la belle saison. Voilà une magnifique proposition printanière, qui nous entraîne dans une captivante quête éperdue de vérité, qui a toutes les qualités pour séduire jeunes et moins jeunes.
On y fait la rencontre de Fanny Cloutier, une adolescente qui habite seule avec son père, après le décès accidentel de sa mère plusieurs années plus tôt. Emmuré dans son silence, le papa s'est plongé dans le travail - des recherches avancées en biologie marine et cellulaire héritées de sa défunte femme - pour vivre son deuil. Ce faisant, il a sans doute oublié que Fanny, même si elle a perdu sa mère dans la prime enfance, a aussi un chagrin à vivre. Au détour d'une visite impromptue dans le bureau de son père, Fanny découvrira une relique, qui la mènera tout droit vers la famille de sa mère, dont elle ignorait l'existence. Avec cette découverte, les souvenirs resurgiront, au gré des marées d'un petit village côtier où l'adolescente renouera avec son histoire bouleversante.
La scénariste Stéphanie Lapointe et le réalisateur Yan England proposent, avec ce long métrage, un ambitieux récit familial, filmé entre Montréal, Notre-Dame-du-Portage, Saint-Germain dans Kamouraska, Métis-sur-Mer, Rimouski et... Tokyo au Japon.
Le cinéaste n'a lésiné sur aucun moyen pour illustrer cette aventure émouvante, portée par des comédiens d'exception, bercée par des paysages grandioses et une trame sonore envoûtante signée Raphaël Reed. D'un côté, le réalisateur a scruté avec bienveillance ses protagonistes de manière à magnifier chacune de leurs émotions. De l'autre, il a fignolé une intrigue haletante, dont les spectateurs voudront absolument connaître l'issue. Ce faisant, on nous offre un film fort réussi qui s'adresse à un très large public.
Au coeur de cette offrande, on retrouve la comédienne Milya Corbeil Gauvreau, qui a obtenu le rôle-titre de Fanny, une jeune femme aux yeux orageux, portée par un désir de vérité et de validation. Cette comédienne avait déjà fait ses preuves dans plusieurs productions québécoises auparavant, notamment dans les séries Les bracelets rouges et Détective Surprenant, mais elle offre sans doute avec Fanny son rôle le plus achevé. Sa protagoniste, fougueuse et impétueuse, s'avère attachante dès le départ et nous entraîne sans ambages dans le sillage de son aventure fascinante.
À ses côtés se trouve le comédien Éric Bruneau, qui hérite d'un rare rôle de papa, dont il s'acquitte avec authenticité et émotions. On se plait aussi à découvrir d'autres comédiens de la relève, Adélaïde Schoofs et Léokim Beaumier-Lépine, qui font très belle figure en donnant la réplique à des vétérans comme Claude Legault, Marilyse Bourke et Magalie Lépine-Blondeau.
Fanny sait nous rappeler que la vie va toujours suivre son cours, peu importe la force des vents. Entre le drame et l'aventure, les cinéphiles trouveront assurément dans cette histoire prenante de quoi s'émouvoir et s'inspirer. Et les larmes ne seront jamais bien loin. On peut maintenant espérer qu'à l'instar des romans de Stéphanie Lapointe et Marianne Ferrer, on ne s'en tiendra pas qu'à ce premier tome, puisqu'on aimerait bien marcher sur ces rivages à nouveau.