Descente aux enfers.
Un peu comme les projets du Marvel Cinematic Universe dont Jonathan Majors devait être le grand méchant lors prochaines phases dans le rôle de Kang le Conquérant, « Magazine Dreams » a subi de plein fouet les frasques judiciaires de son acteur principal. En effet, les accusations de violence conjugales dont il était l’épicentre ont non seulement fait revoir tous leurs plans à Disney et Marvel mais ce film qui devait probablement concourir pour les Oscars, notamment celui du meilleur acteur pour le comédien, a subi une distribution en catimini sur le sol américain et ne sortira certainement jamais en salles en Europe. Mais il serait dommage de s’arrêter à la polémique et juger le film pour ce qu’il est et non la vie privée – certes chaotique et condamnable – de son acteur principal. Pour rappel, des centaines de personnes travaillent sur un long-métrage...
Et malgré ces actes dans la sphère privée, on ne peut nier que la performance de l’acteur soit incontestablement extraordinaire. Une véritable claque, de celles dont raffole en effet l’Académie des Oscars et les cérémonies de récompenses en général. En adulte traumatisé par une enfance baignée par la mort choc de ses parents qui s’est réfugié dans le culturisme pour oublier et exister au point de devenir presque en marge de la société, à la limite de l’autisme et d’être inadapté, il livre une composition monstre. Aussi impressionnant, qu’effrayant ou attendrissant, Majors est de tous les plans et il nous scotche par cette interprétation choc qui restera malheureusement méconnue.
Second film d’Elijah Bynum après l’inédit en salles « Chaudes nuits d’été avec un Timothée Chalamet pas encore star, « Magazine Dreams » happe dès ses premières images. Il filme comme un lointain cousin de Nicholas Winding Refn et ses néons pop couplés à des plans savamment travaillés mais qui préfèrerait le crépuscule et la lumière du soir à celle de la nuit. On sent un cinéaste qui a du goût pour offrir des images esthétiques, plus qu’esthétisantes. Son récit nous plonge dans un microcosme méconnu, celui du culturisme, mais le traite comme Aronofsky avait croqué la grand-mère de « Requiem for a dream » ou le lutteur de « The Wrestler » (de manière profondément nihiliste et désespérée) ou comme Schumacher montrait Michael Douglas dans sa descente aux enfers de « Chute libre ». On sent le personnage (et le film) prêts à exploser à chaque instant et on a beaucoup d’empathie voire de pitié pour lui.
Malheureusement, si les trois quarts du film restent sur cette constante entre drame et tension exponentielle, le dernier acte finit par radoter. On est à chaque fois prêt à voir ce Killian Madox péter un câble contre cette société qui ne lui fait aucun cadeau. Chaque séquence, dont certaines d’une intensité incroyable, nous prépare à cela mais finalement le script fait le choix de l’annulation. Et nous frustre. Et le choix final de la rédemption est mal amené après plusieurs faux espoirs de pétages de plombs en bonne et due forme. Dommage donc que « Magazine dreams » choisisse une fin un peu trop gentille sinon il aurait pu tutoyer les sommets de la tragédie noire.
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