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L'arroseur arrosé
François Cluzet m'impressionne de plus en plus . Plus ou moins étonnant de voir comment un fraudeur peut abuser de la confiance de toute une région en endossant le rôle que les gens du coin ont bien voulu lui donner .
Pas un film d'action , mais les amateurs de cinéma français apprécieront le jeu des acteurs . N'oublions pas que c'est tiré d'une histoire vraie et qu'il y a eu une histoire semblabledans la région de Lanaudière à la fin des années 1940 .
Donc je recommande ce film sans hésitation .
Critique A l'origine
Xavier Giannoli qui a pas mal changé la donne avec Quand j’étais chanteur, nous livre ici une histoire (mélange entre thriller et drame social) tiré d’une histoire vraie, on trouve donc une alchimie parfaitement maitrisé par notre réalisateur montant dans le cinéma français, entre les tragédies du quotidien et un film noir que le personnage interprété par François Cluzet essaye de sortir, il est ici impeccable dans se rôle remplie de sobriété et méritait (si il n’y a avait pas eu Un prophète) le césar du meilleur acteur, personnage donc dont on ne saura pas les soucis ou autres choses qu’il aura vécu auparavant mais qui se retrouve très vite rattrapée par les difficultés qu’il va rencontrer tout au long de se gros mensonge. Le cinéaste va nous monter durant cette crise de mythomanie, que le personnage va se reconstruire, se remettre à aimer et dont le personnage qu’il s’est construit va prendre progressivement le pas sur ce qu’il était avant, faut dire que très vite il s’est retrouvé mis sur un piédestal par une commune qui n’attendait plus qu’un miracle et Paul/Philippe qui a travers ce boulot semble penser ses plaies infligées par son ex-femme et va relancer ses sentiments enfouis en faisant aussi renaitre le désir.
Certes le film n’est pas un grand classique, tant la mis en scène reste très sage, très français (comme ce que l’on avait déjà pu ressentir sur son précédent film), se situant toujours en deca de ce qu’un tel sujet aurait pu offrir, on pense notamment au fait que le réalisateur ne tire pas autant du maximum qu’offre pourtant le chantier de l’autoroute, n’est pas Paul Thomas Anderson qui veut, mais le film est tout bonnement magnifique, qui fait d’autant plus peur que plusieurs centaines de personnes se sont laissés bernés par le mensonge d’une personne. Pour ce qui est du scénario, certes le choix de partir dans plusieurs pistes était assez risqué mais au final, le film retombe de façon correcte, on assiste donc à un scénario tiraillé par différentes pistes: le drame romantique (dont on aurait sans doute voulu une meilleure fin, mais était ce ainsi dans la vraie histoire?), la chronique sociale et le polar assez glauque avec un Depardieu qui n’est la qu’en figuration, mais le film puise surtout sa force sur les astuces que le personnage principal trouve pour augmenter son mensonge, puis pour contourner les problème ou pour garder le contrôle de la situation qui pourrait à tout moment lui échapper et mettre à jour le pot aux roses, Giannoli joue habilement du suspens sur l’incessant repos de l’issue dont on sait inévitable, le film puise aussi la force dans le portrait qu’est dressé sur cet antihéros. Le réalisateur ne s’embarrasse pas de fioritures, arrivant à saisir leurs plus profonds sentiments en les filmant de prêt sans pour autant oublier qu’ils baignent dans une atmosphère de lévitation. François Cluzet est tout bonnement convaincant dans un registre qui lui va comme un gant, il compose ici un personnage inédit, qui est à la fois ni inquiétant, ni touchant, juste une personne qui essaye de se faire une place dans le monde ordinaire.
Bien que l’affiche pose la question de savoir s’il s’agit d’un escroc ou d’un héros, le film n’y répond malheureusement pas explicitement, bien que l’on découvre qu’il ne s’agit pas d’un escroc habituel, le personnage (Philippe Miller) se sent tout à coup exister en tant que patron, considéré comme un homme providentiel qui n’avait pas prévu que son escroquerie finirait en «quelque chose d’extraordinaire». Le film ne cherche donc pas à montrer l’histoire d’une arnaque que la spirale qui va entrainer l’usurpateur dans une sorte de rédemption, le tout aidé par des personnages secondaires possédant chacun leur caractéristique qui va changer le comportement du héros, que se soit avec le maire du village interprété par l’excellente Emmanuelle Devos, le voyou magnifiquement joué par Vincent Rottiers et enfin, Stéphanie Sokolinski superbe en femme de chambres. Le réalisateur offre un réel désir du public que l’on retrouve dans chacun de ses films et que peu de réalisateurs arrivent à retransmettre, il ne s’agit pas du désir de plaire à tous les coups mais plus dans le sens de procurer au public du bon cinéma, à la manière des anciens cinéastes populaires d’une époque quasi résolue aujourd’hui, bien que le début ne soit pas des plus convaincants, laissant présager le pire pour la suite, A l’origine n’est donc pas à ranger dans la catégorie des films populaires français qui envahissent nos écrans, sans tout fois oublié ceux qui en sont adeptes, c’est d’ailleurs dans ce genre de situation que l’on reconnait les réalisateurs talentueux et ce qui permet de nous faire passer un film assez long sans grands difficultés. On baigne encore dans la marque de fabrique du réalisateur, à savoir tourner tout ces films autour du marginal, de l’insoumis, sauf qu’ici cela s’inscrit dans un contexte plus large que d’habitude. Giannoli devient donc un maitre en la matière et fait partie des figure de cinéaste qui arrive à maintenir et proposer ce genre de film tout en arrivant à plaire à tout le monde, à l’origine, il y avait donc une histoire vraie, un cinéaste et au final, on a un très grand film qui mérite les honneurs.