Mélodrame queer, chic et suranné.
On apprécie la volonté quelque peu désuète ou nostalgique (au choix) de vouloir réaliser un mélodrame à l’ancienne, un type de films comme Hollywood n’en produit quasiment plus, tout en y injectant des thématiques contemporaines (ici deux romances queer, une gay et une lesbienne). L’idée est louable et tout est mis en œuvre pour respecter les carcans de ces romances passionnées et contrariées se déroulant souvent durant les décennies d’après-guerre. Sauf que le nouveau venu Daniel Minahan n’a pas le talent d’un cinéaste aguerri tel que Todd Haynes (les magnifiques « Loin du Paradis » ou « Carol »). Un cinéaste auquel on pense beaucoup avec « Les Indomptés » dans la démarche mais dont le résultat n’est pas aussi éblouissant.
Le bon coup du film demeure sans conteste sa très belle distribution. Un casting cinq étoiles composé des futures jeunes stars d’Hollywood qui donne beaucoup de cachet et de coffre à l’ensemble. En premier lieu, le futur sez-symbol Jacob Elordi et son charisme digne des plus grandes stars masculines d’antan, de James Dean à Marlon Brando. Un acteur (et un jeune homme) qui ferait fondre la plus frigide des ménagères. Découvert dans la mythique et culte série « Euphoria », il confirme un début de carrière de haute volée grâce à des choix audacieux comme dans le chef-d’œuvre « Saltburn » ou le passé inaperçu dernier film de Paul Shrader « Oh Canada! ». Daisy Edgar-Jones découverte dans la magnifique série « Normal People » et star du reboot de « Twister » sera son pendant féminin, tout aussi exquise et pétrie de charme et de sensualité. Le reste du casting est au diapason et se révèle parfait.
L’image est soignée et conforme à ce qu’on attend de la mise en scène d’un film romanesque et se déroulant dans les années 50. La reconstitution des différents lieux traversés par les personnages est en tous points impeccable et régale notre regard comme ce Las Vegas d’antan quand le nouveau n’existait pas encore. On pourra regretter néanmoins que, pour une œuvre qui se réclame de ce genre-là presque disparu, « Les Indomptés » ne parvienne pas à davantage nous émouvoir et déchaîner les passions si ce n’est lors des toutes dernières séquences, sublimes et bouleversantes.
Mais le principal souci du premier long-métrage de Minahan demeure son scénario. Une intrigue qui fait évoluer une demi-douzaine de personnages mais dont les trajectoires semblent artificiellement reliées par le script. Comme si on suivait deux histoires différentes, d’un côté une romance gay et de l’autre son pendant lesbien. On a la sensation de voir deux films en un seul, comme si les deux romances contrariées avaient été collées de force alors qu’elles provenaient de deux histoires indépendantes censées aboutir à deux films différents. Ceci dit, toutes deux montrent bien la difficulté de vivre l’homosexualité à cette période mais ne creuse pas toujours le sujet en profondeur. Un aspect qui empêche « Les Indomptés » d’atteindre le but désiré de grand mélodrame suranné.
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