Bon petit film
Suspense d épouvante est-ce bonne définition de ce film. Sursauts, quelques moments de tension, personnages torturés mentalement, film un peu long. A voir sur plus tard sur les applications. 7/10.
Double deuil, double trouille.
On avait découvert les frères Philippou (à la base célèbres Youtubeurs australiens) avec leur premier film d’horreur, le plutôt réussi et très effrayant « La Main » (« Talk to me » en version originale). Un long-métrage qui prenait comme thème la possession et qui, sous ses abords classiques de film d’horreur pour jeunes en mal de frissons, révélait des cinéastes malins et surs de leurs effets. Le passage au second film est toujours délicat et la fratrie continue sur le chemin de l’épouvante et du fantastique horrifique avec « Bring her back – Substitution ».
Cette fois, ils teintent leur nouvel opus d’une bonne dose de dramaturgie, rendant ce second long-métrage plus adulte et parfois proche du cinéma de genre espagnol ou scandinave. Le cadre spatial et le nombre de personnages sont également resserrés, rendant le tout plus intimiste. Tout le film est quasiment circonscrit dans une demeure isolée et on se concentre sur quatre personnages. Les frères Philippou font encore preuve d’une mise en scène appliquée, en jouant des recoins de la maison, en mettant admirablement en avant la pluie et l’eau qui ont beaucoup d’importance dans le film ou en insérant des séquences de found-footage malsaines et dérangeantes (peut-être les images les plus effrayantes du film au final).
On peut regretter que cet opus soit un peu long au démarrage sans scène véritablement effrayante ou dérangeante durant une bonne demi-heure. D’un côté, c’est ce qui permet aux personnages de pouvoir exister. On expose leurs traumas, leurs fêlures et leur folie avec doigté, sans cliché et les acteurs ont le temps de nourrir leur rôle, ce qui n’est pas toujours le cas dans les films d’horreur. Les trois personnages doivent faire face au deuil et « Bring her back – Substitution » explore le sujet avec beaucoup de finesse et parfois même de profondeur, rendant les protagonistes touchants.
Même si elles sont peu nombreuses, il y a certaines séquences chocs et qui peuvent être difficiles à supporter. Mais elles ne font pas vraiment peur, ni sursauter. Ici, on est davantage dans le body-horror qui revient pas mal à la mode en ce moment et comme le chérit le maître du genre, David Cronenberg. Le corps est mutilé, malmené et traumatisé comme dans des œuvres récentes telles que « Grave » ou « Titane » de Julia Ducornau ou « The Substance » de Coralie Fargeat (enfin, pas à cette extrême là non plus). C’est sanglant et parfois difficile à supporter mais on ne frissonne pas pour autant. On aurait aimé aussi une ambiance plus anxiogène et angoissante mais l’émotion prend le pas, même dans le final.
Cependant, si l’on doit vraiment reprocher quelque chose à « Bring her back – Substitution », c’est peut-être les trop nombreuses zones d’ombre sur les velléités occultes du personnage de Sally Hawkins (parfaite dans un contre-emploi étonnant pour une actrice habituée au rôles solaires). On ne comprend jamais vraiment clairement comment elle veut procéder, ni quel culte elle suit ou encore d’où viennent les étranges vidéos terrifiantes dont elle s’inspire. Pareil, concernant le gamin enlevé, tout demeure trop obscur. Voilà donc un second film qui développe autant de qualités que de défauts mais auquel on préfèrera tout de même « La Main », bien plus radical et effrayant.
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