Catalogue fin de vie.
Cela va faire six ans qu’on n’avait pas eu de nouvelles de Costa-Gavras, l’un des cinéastes les plus européens en activité. Européen car il tourne dans différentes langues dudit continent et au sein des pays qui le constituent avec des acteurs de tous horizons et nationalités selon le sujet. À ce niveau, c’est un spécimen assez rare... D’ailleurs, ses derniers films étaient plutôt mineurs (du passé inaperçu « Adults in the room » au raté « Eden à l’ouest ») et il n’a pas tourné de véritable grand film depuis « Amen » il y a plus de vingt ans. Le réalisateur de « Z » surprend en tournant un film très français sur tous ses aspects. Il adapte un roman qui prend la forme d’un dialogue entre un médecin et un philosophe sur le thème passionnant et très à la mode de la fin de vie.
On n’a pas lu le roman mais c’est clairement le problème qui handicape fortement « Le dernier souffle » : le passage du roman au grand écran ne fonctionne pas. Enfin, pas toujours. Durant tout le long-métrage on se dit que ce sujet, ou en tout cas la manière dont il est traité ici, aurait bien mieux fonctionné s’il avait pris le chemin du documentaire. Cette succession de saynètes au sein desquelles différents cas de patients en fin de vie vont nous être présentés avec les réflexions et réactions des deux personnages principaux en corolaire vire parfois au catalogue. Et le procédé n’est pas vraiment cinématographique. Cela se voit également dans la mise en scène de Costa-Gavras qui tente de dynamiser un matériel figé en rendant ses plans mobiles sur un sujet et des décors qui n’en demandaient pas tant.
En outre, il y a pas mal de passages qui sonnent faux. Probablement dû à des dialogues tirés du livre qui passent mal de l’écrit à l’oral. De nombreuses répliques paraissent en effet trop écrites et manquant de naturel, notamment dans les séquences hors de l’hôpital. Il y a aussi des séquences complètement ratées comme celle de la danseuse de flamenco, tire-larmes et presque ridicule. En revanche, d’autres fonctionnent à merveille et nous déchirent le cœur comme celles mettant en scène une Hiam Habbas, impériale.
On est donc tiraillé entre un film singulier et qui n’a pas choisi le bon format, donc partiellement raté, et les passionnantes réflexions que provoquent le sujet à travers tous ces cas ainsi que les piques envoyées au monde des soins, rarement entendues comme cela au cinéma. Le casting quatre étoiles autour d’un Denis Podalydès fantastique comme toujours et d’un Kad Merad au jeu un peu trop sobre (comme s’il voulait s’effacer le plus possible et s’écarter de ses compositions comiques) est admirable et on prend un certain plaisir à suivre ces histoires plus ou moins intéressantes. Mais « Le dernier souffle » demeure un film mosaïque paradoxal dans ses choix artistiques et s’il nous laisse plein de questions en tête (le réalisateur se garde un peu trop de donner des réponses), un documentaire tiré de ce livre restait probablement la meilleure option.
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