Bon cru qui ne l'a pas volé.
Dans la catégorie des cinéastes identifiables entre tous, on parlait la semaine dernière de Wes Anderson dont la patte unique et les œuvres si reconnaissables le positionnait comme un des auteurs les plus évidents rentrant au sein de celle-ci. À l’opposé total et toujours dans ladite catégorie mais niveau hexagonal, on peut y ranger sans peine l’indéboulonnable Robert Guédiguian. Même manière de filmer, même contexte géographique (Marseille et sa région), même thématiques et sujets sociaux aux forts relents gauchistes et même troupe d’acteurs, le metteur en scène est aussi prévisible que doué dans ce qu’il va nous mettre sous les yeux. Le réalisateur des sublimes « Marius & Jeannette » ou encore « Marie-Jo et ses deux amours » nous propose neuf fois sur dix cette configuration qui fait le sel de son cinéma, unique entre tous. On sait où on met les pieds, un peu comme dans un Woody Allen, mais le cinéaste marseillais parvient la plupart du temps à se renouveler, à innover et surprendre tout en restant dans son pré carré contrairement à ce qu’on reprochait à Wes Anderson avec ses dernières propositions.
Avec « La Pie voleuse » on est donc bien à Marseille avec Ariane Ascaride (sa compagne à la ville), Jean-Pierre Darroussin, Gérard Meylan, Jacques Boudet, Grégoire Leprince-Ringuet ou encore Robinson Stévenin. Manque juste à l’appel Anaïs Demoustier remplacée par la sublime découverte Marilou Aussiloux qui fait preuve d’un charme naturel et d’une sensualité folle. Tous sont excellents encore une fois, habitués et comblés qu’ils sont avec les rôles variés que leur offre le réalisateur. Il se dégage de nouveau un sentiment de famille de cinéma qui traverse l’écran et chérit le spectateur. On est face ici à une chronique marseillaise sans véritable sujet ou plutôt à une étude de caractères où plane encore un fond politique et social (certes plus discret avec les écarts entre les riches et les pauvres) mais où on parle aussi admirablement de la vieillesse, de la rancœur et de l’amour qui reste où qui passe. Et c’est beau.
Guédiguian a encore une fois mis dans la bouche de ses acteurs des dialogues excellents et des situations empreintes de naturel. Le montage est soutenu, la mise en scène classique mais conforme à la filmographie du réalisateur, en phase avec un sujet et un traitement qui ne supporteraient pas de folies visuelles. Toujours ensoleillé, le film est lumineux malgré les drames qui se jouent. Cependant, probablement dans une période optimiste et bienveillante, Guédiguian choisit de clore son film avec le beau sourire d’une Ariane Ascaride bouleversante. « La Pie voleuse » est peut-être, même certainement, un opus mineur de la carrière du cinéaste mais il n’en demeure pas moins un très beau film, simple, efficace et touchant. On ressort de là le cœur rempli de joie malgré quelques larmes avec l’envie de continuer à suivre ce cinéaste aux convictions fortes et au talent certain.
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La pie bienveillante.
Très beau film lumineux avec des personnages attachants, tourné dans un magnifique village en bord de mer!