Totale fusion.
Le sous-genre horrifique du body-horror revient à la mode depuis quelques années. Entre le pape de ce courant, David Cronenberg, qui nous offre un film sur deux ses propositions cinématographiques passionnées (et souvent passionnantes) pour les chairs traumatisées et malmenées, son fils qui suit la même voie de manière tout aussi probante ainsi que les frenchies girls Julia Ducornau (« Grave » et « Titane ») et Coralie Fargeat (l’immense choc « The Substance »), on est gâtés.
À l’annonce du film « Together » où le postulat consiste en un couple qui va littéralement fusionner, on avait un peu peur d’une pâle resucée de ce dernier, dans lequel c’était Demi Moore et sa version améliorée qui partageaient le même corps de la plus extrême des façons. Alors bien sûr, il y a quelques similitudes mais on est très loin du plagiat et le film trouve sa propre voie dans le body horror en épousant plus simplement le pur film d’horreur plutôt que la satire comique et horrifique caractéristique du film incomparable et inégalable de la française.
Néanmoins, loin d’être vide de propos ou de sens, « Together » interroge la dynamique de couple, celui davantage occidental et contemporain. Le fait qu’il y a souvent un dominant dans le couple ou encore que l’un des deux n’existe que par l’autre. Mais aussi le manque de désir et de connexion morale et spirituelle avec le temps, tout autant que le rôle de chacun dans une relation. Et va potentiellement même jusqu’à nous parler d’identité de genre vers la fin de manière radicale. L’excellent atout du long-métrage est que le couple à l’écran est également un couple à la ville. Ils produisent le film, s’y sont investis (cela se sent) et osent tout. Leur alchimie est évidente et ils excellent dans ce délire de chair et de sang. On n’avait jamais vu Dave Franco aussi bon et on découvre la moins connue Alison Brie.
Il y a un défaut que l’on sent poindre dès le début film qui va cependant disparaître petit à petit. Le fait d’expliquer le pourquoi du comment de ces corps qui se mêlent ne semblait, à priori, pas nécessaire mais la mythologie derrière ce délire est finalement bien trouvée et sert le film. « Together » ne manque pas de quelques pointes d’humour très noir et d’idées franchement excellentes comme de mettre le « 2 become 1 » des Spice Girls en couverture musicale dans le final : totalement jubilatoire et bien trouvé. Le récit se suit parfaitement, et on s’attache à ce couple comme on frissonne de savoir ce qui les attend.
Et côté body-horror on ne sera pas déçu. Moins volontairement grossier et dingue que « The Substance », le film propose des visions d’horreur assez extrêmes tout de même, comme la séquence de la grotte. La manière dont les corps s’attirent et fusionnent est particulièrement bien rendue. Sans de bons maquilleurs et créateur d’effets spéciaux, « Together » aurait pu être ridicule ou foireux mais il n’en est rien. Au contraire. Le long-métrage n’est jamais avare en séquences aussi inventives que crades et on en redemande. On est donc face à une œuvre qui va au bout de son idée, qui régalera les amateurs du genre et qui se positionne sans mal (et pour le moment) comme l’un des meilleurs films d’horreur de l’année, si ce n’est le meilleur dans l’horreur pure.
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