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La force de « Didi » lui vient très probablement de son côté autobiographique. En effet, le cinéaste d’origine taïwanais Sean Wang, immigré aux États-Unis dès son plus jeune âge, puise dans ses souvenirs de jeune adolescent pour nous raconter cette histoire qui est en très grande partie la sienne. Et cela se ressent sur chaque point de la pellicule laissant transparaître une incroyable impression de vrai et de justesse qui fait pour beaucoup dans la réussite de ce récit d’apprentissage/initiatique doux et sensible. Un coming-age movie comme on l’appelle outre-Atlantique qui détient aussi son originalité au sein de ce sous-genre proche du feel-good movie très courant en ce moment par le biais de trois choses. La première est que c’est un ersatz du genre au masculin (on a plus souvent droit au pendant féminin pour ce type de film), la seconde est que le protagoniste principal est une personne issue de l’immigration taiwanaise ce qui apporte quelques thèmes et sujets autres qui nourrissent admirablement le film et enfin celui-ci se situe dans un passé proche, à la fin des années 2000, au moment où les réseaux sociaux commençaient leur apparition, ce qui occasionne un petit effet rétro bienvenu.
Wang traite donc la puberté chez un jeune garçon pas forcément à l’aise avec les filles, ni en général. Cet âge un peu ingrat (13 ans) où on porte un appareil dentaire, où on a de l’acné et où trouver sa première copine et s’affilier à une bande sont les principaux buts dans la vie. Le portrait est bien croqué, à la fois tendre et amer, mais toujours percutant et plein de véracité sur cette période qui en a marqué beaucoup et qu’on aime à appeller la crise de l’adolescence. C’est tellement objectif que beaucoup pourront se retrouver dans le portrait de Didi. Les séquences parlées en mandarin taiwanais prenant place dans le foyer familial où brille un père absent et une grand-mère omniprésente sont peut-être les plus réussies. On y parle d’immigration mais aussi du poids culturel qui n’a pas le même impact d’une génération sur l’autre. Les relations entre Didi et sa sœur ainsi que Didi et sa mère sont touchantes, entre tendresse et agacement. Et l’année 2008 où se situe le film a pour elle l’avènement de Facebook alors qu’on est encore sur les MySpace et les Skyblog. Un côté légèrement rétro amusant que Wang retranscrit à merveille et qui nous rappelle des souvenirs mais aussi une douce nostalgie.
Le film n’a donc rien de transcendant et se rangerait vite dans la catégorie des ces films d’apprentissage générique comme on en voit tant depuis une dizaine d’années. Mais une somme de petites touches pleines de sensibilités font que « Didi » est un grand petit film très réussi et qui nous touche en plein cœur. Le rire est souvent présent et de manière très naturelle par les petites déconvenues de la vie où on peut tous se retrouver et l’émotion n’est jamais forcée, bien au contraire. Ce premier film très remarqué en festival a, en outre, le mérite d’être court et de ne pas s’éparpiller pour rien, ne laissant jamais place à l’ennui. La mise en scène du cinéaste est tout à fait en adéquation avec le propos, illustrant ces petites vignettes entre le lycée, la bande du skate et la maison de manière aérée, un tantinet vintage et avec malice et énergie lorsqu’il filme les échanges sur les réseaux sociaux. En bref, « Didi » est une bien jolie surprise pleine de cœur et portée par des interprètes tous très bons et aussi juste que l’est ce film.
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