À la nôtre!
Le duo de réalisateurs à l’ouvrage sur ce premier film de cinéma vient de la télévision et cela se voit, se ressent même. En effet, Hippolyte Dard et Elsa Bennett sont des réalisateurs de séries télévisées et téléfilms français aguerris, « Des jours meilleurs » étant leur première incursion au cinéma. Et de l’image à la manière de filmer très classique et tout juste illustrative, on a souvent l’impression d’être devant un téléfilm de luxe plutôt qu’un véritable film de cinéma et c’est peut-être le seul gros point négatif du long-métrage.
Après, il faut aussi constater que la dépendance à l’alcoolisme a déjà été souvent traité au cinéma (au hasard, « Un dernier pour la route »), que ce soit en sujet principal comme en sujet secondaire. Aussi, le déroulement de l’intrigue est sommes toutes assez prévisible avec un cheminement qui voit la chute, le déni, les épreuves, l’acceptation, la rechute et la délivrance. Il n’empêche, on marche et « Des jours meilleurs » se suit avec plaisir. On pense beaucoup dans la même veine sociale entre humour et émotion à une œuvre comme le sublime « Les Invisibles » de Louis-Julien Petit, en tout de même moins marquant et réussi. Et c’est ce dernier qui collabore au scénario avec les deux cinéastes, ce qui n’est donc pas étonnant.
L’une des forces du film est sans conteste son trio d’actrices principale dans des contre-emplois étonnants, probants et bénéfiques. Valérie Bonneton et Michèle Laroque sont plus souvent employées dans des grosses comédies et il est très rare de les voir dans des rôles plus sérieux et tragiques. Et même si elles ont quelques séquences amusantes grâce à du comique de situation ou des répliques qui claquent, ce sont elles qui se réservent la partie émotion et elles y excellent. Quant à Sabrina Ouazani en fêtarde alcoolique au caractère bien trempé en apparence elle ne démérite pas.
On apprécie également le fait que les seconds rôles soient tenus par des actrices non professionnelles et anciennes alcooliques qui permettent beaucoup de naturel et d’authenticité au film. Et c’est également ces dames qui sont le vecteur de ses moments les plus drôles pour une œuvre qui oscille parfaitement entre humour, tendresse et émotion. Entre moments de liesse et d’autres plus déchirants comme la fin, l’équilibre est parfait et la dernière partie au Maroc permet d’aérer agréablement le film.
« Des jours meilleurs » est donc une belle surprise qui nous permet de plonger agréablement dans ces centres de désintoxication pour femmes alcooliques. Le constat social est également présent sans tomber dans la leçon de morale un peu lourde. On a de l’empathie pour ces femmes et le film prend une tonalité et une manière d’appréhender les choses parfaitement mesurée, à la « Patients » de Grand Corps Malade. Et on évite également le happy end en montrant bien qu’on peut s’en sortir mais que tout le monde n’y parvient pas. Aussi doux et tendre qu’amer, voilà un beau film sur le sujet qui sait être aussi solaire et tendre que réaliste.
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