Langueur de l'été.
Voilà la seconde adaptation de l’illustre roman français à succès écrit par une Françoise Sagan encore toute jeune, « Bonjour Tristesse ». Entre le roman d’apprentissage ou le récit initiatique d’une jeune adolescente et la chronique estivale et bourgeoise, ce livre fut adapté à la fin des années 50 par Otto Preminger et est resté dans les mémoires. Autant pour son tournage chaotique que pour son casting composé de la toute jeune Jean Seberg et de Deborah Kerr. Cette fois, cette nouvelle mouture ne risque pas de passer dans les annales tant elle s’avère plus confidentielle à tous niveaux (distribution, casting, origine, ...). En effet, c’est une totale inconnue qui prend les rênes de cette actualisation contemporaine du roman : la canadienne Durga Chew-Bose pour un bilan en demi-teinte mais loin d’être honteux.
Ce « Bonjour Tristesse » version 2025 est le genre de film nonchalant où l’on aime se lover et où transpire la quiétude et la douceur de la chaleur estivale. Le ressenti des vacances sur la côte d’Azur telles qu’on peut les imaginer chez les nantis de ce monde transpire et traverse l’écran. Le rythme est languissant, presque langoureux. Il y a une atmosphère envoûtante, presque hypnotique. Quelque chose de singulier se dégage du film sans que l’on sache pourquoi mais qui nous happe et fait passer en arrière-plan ce côté neurasthénique. Le casting international choisi ici entre canadiens (dont des québécois), une américaine, une française et un danois, se mêle avec volupté dans cette histoire qui nous parle vaguement de la jeunesse, du passage à l’âge adulte, du deuil, de fidélité mais sans que ces sujets soient vraiment approfondis. Comme une toile de fond pour une chronique au charme éthéré.
Cependant, il faut avouer que le film durant près des deux heures, la fascination qui s’en dégage atteint vite ses limites. Dans le dernier tiers, on commence à trouver le temps un peu long et l’intrigue sans grand intérêt. Et le fait que la cinéaste choisisse de rendre actuel son propos sur un matériel de base datant d’il y près de quatre-vingt ans aboutit à un long-métrage parfois passéiste et dépassé. Voulu ou pas, cela lui donne autant d’originalité qu’un côté désuet. En revanche, force est de s’accorder sur la sublime mise en scène de Chew-Bose. Pour une débutante, elle nous confectionne des plans somptueux entre natures mortes contemporaines et cadrages symétriques et raffinés de toute beauté. Certes, c’est une réalisation un brin poseuse mais que l’œil est charmé et ravi. Voilà donc une adaptation intéressante et visuellement impeccable dont laquelle il faut accepter de se fondre plus pour le ressenti que pour ce qu’elle raconte.
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