Le tournage de Cruising Bar 2 se déroulait la semaine dernière à Laval, et c'est bien sûr dans le costume de Gérard, dit le Taureau, que Michel Côté nous a reçu pour nous parler du film et de la drague alors qu'on répétait, dans la pièce voisine, un impressionnante (mais aussi très étrange) scène de danse en ligne.
Le Vers, le Paon, Le Lion et le Taureau seront tous de retour pour de nouvelles aventures l'été prochain.
Michel Côté Qu’est-ce qui a changé en vingt ans? « La bédaine est un peu plus grosse… Je n’avais aucune prothèse externe dans Cruising Bar, que des prothèses internes. Ce n’était pas confortable, mais j’avoue qu’externe ça demande beaucoup d’énergie. » « Ils n’ont pas changé tant que ça. Tu ne deviens pas une autre personne vingt ans plus tard, les grandes lignes sont encore là. On s’est inspiré beaucoup de gens qu’on connaît, on les a regardés il y a vingt ans et on les regarde aujourd’hui; y’en a un, il avait des cheveux longs, il a encore les cheveux longs, mais il sont un petit peu plus gris. »
« C’est l’fun de retrouver les quatre personnages; extrêmement différents, extrêmements amusants à jouer. C’est des univers tellements opposés, que pour un acteur c’est prendre son pied. » Ils n’ont cependant pas que des qualités. « Je les aime, je les défends… Il y en a un que je défends moins, mais on aime ça le détester lui, c’est le Paon, Jean-Jacques, le frais chié. On n’a pas pitié de lui. C’est entre les deux oreilles son maudit problème. » « On a l’impression quand on tourne avec le Paon que c’est un autre film. Comme un court métrage différent; il y a des beauty shots, on voit les gratte-ciel sur le pare-brise de son auto décapotable, c’est vraiment léché. » « Le Paon a accès aux chirurgies, il ne tolère aucun cheveux gris… Moralement, il y en a qui sont plus fuckés qu’ils étaient, il y en a qui vont aller mieux qu’ils allaient. Pour Gérard, ça commence dans le trouble… S’ils ne sont pas dans le trouble, nos personnages, y’a pas de film. Y’en a pour qui ça finit bien. » « Une chose qui ne changera jamais, c’est que les gens ont besoin d’être aimé et d’aimer quelqu’un. Cruising Bar, c’est un bon sujet pour ça, parce que ce besoin incontrôlable d’aimer et d’être aimé est toujours là. Les moyens pour y arriver, oui, ils ont changé. Pendant Cruising Bar 1 il n’y avait pas de cruise sur internet, ça fumait dans les bars, c’est encore les gars qui cruisaient, aujourd’hui c’est plus les filles, ça a l’air. Il y a plein de détails comme ça au niveau des moyens, mais pas le fond, le fond n’a pas changé. » Est-ce qu’ils vont se rencontrer? « Non. Parce que maintenant, c’est tellement facile de faire ça techniquement, que ça n’impressionne plus personne. On n’a pas de Viagra dans le film non plus, ça aurait été cliché. » « Il y en a des clichés, c’est sûr. Mais ça ne serait pas une surprise d’avoir du Viagra. On essaie de trouver des clichés qui surprennent. C’est pas évident de trouver un angle qui n’a pas ét envisagé par la plupart des gens. Tous les gens se sont fait leur Cruising Bar 2 dans leur tête. Il fallait trouver un angle auquel on pense moins. » Les femmes ont encore leur place dans le film… « Il y a une belle brochette de filles, de tous les genres… Elles sont toutes belles dans leur style. C’est des gars de 50 ans, pas loin, alors ils ne vont pas aller cruiser des petits pétards de 25 ans. Ils vont vers des femmes de leur âge, il y en a des super belles de cet âge-là. Les femmes sont toujours aussi difficiles à conquérir… pour les pas beaux. » Robert Ménard Pour se lancer dans cette aventure, il faut retrouver l'ambiance, l'esprit qui a fait le succès du premier film. Et retrouver les quatre personnages, près de vingt ans plus tard. « C’est comme si on les avait quittés hier. On connaît tellement ces personnages-là, même s’ils ont grisonné un peu, pris du ventre… C’est un gros travail de se demander où ils sont rendus. Ils n’ont pas tellement changé, mais ils découvrent l’amour, oui monsieur! C’est pas drôle, à 50 ans, de retourner sur le marché de la cruise. » Qu’est-ce qui vous fait rire? « Charlie Chaplin, Buster Keaton, Pierre Richard. C’est de l’humour qui est vrai, qui me fait rire. Des vrais personnages, pas caricaturaux, pas de grimaces. » Le film s’inscrit dans cette lignée? « D’abord et avant tout, Cruising Bar est une performance d’acteur. Il s’agit juste de saisir ça, de s’assurer qu’on l’ait. Après ça, c’est au niveau du montage qu’il est efficace. En réalité, c’est quatre courts métrages, et on alterne, on choisit les meilleurs choses. Mon souci, c’est de savoir comment je fais la coupe. Il y a un rythme, des découvertes. Et la comparaison est drôle. » « C’est écrit, le montage, on sait déjà tout ce qu’on va faire… là, on va voir si ça marche. » Les gens espèrent beaucoup de ces personnages qu’ils connaissent et qu’ils aiment. « Je n’ai pas peur de les déçevoir, mais j’haïrais bien ça. La pression va venir avant la sortie. Je ne veux pas m’énerver, je veux avoir du plaisir. C’est trop dur monter un film, trouver le fiancement, écrire… là, c’est le plaisir. Après ça on verra les problèmes. Il y a toujours des solutions. Mais je sais qu’on est attendus. » « Aujourd’hui, on cruise en allant promener son chien, ça marche très fort. On cruise au supermarché, dans la rue, on cruise en patins dans le Vieux-Port, on cruise partout parce que les gens sont seuls. » Gérard, Jean-Jacques, Patrice et Serge n’y échappent pas non plus. Leurs nouvelles aventures sont attendues le 28 juin prochain.