Il est plutôt rare que le Québec se risque aux films de genre. Les affamés apparaît donc comme une agréable surprise au sein de l'offre cinématographique québécoise.
Le film dépeint les aventures d'une poignée de survivants qui s'allient afin d'éviter d'être dévorés par les morts-vivants qui peuplent désormais leur contrée rurale.
Lors de notre entretien passionnant avec l'auteur et réalisateur Robin Aubert et le comédien Marc-André Grondin, nous avons recensé certains éléments fort intéressants que vous devez savoir sur la production.
1. Les figurants « affamés »
Presque tous les figurants présents dans le film sont des membres de la famille ou des amis de Robin Aubert. Comme le long métrage n'a pas été tourné dans la grande région de Montréal, le réalisateur n'était pas dans l'obligation d'engager des membres de l'Union des Artistes, comme c'est le cas généralement.
« Luc Proulx, le monsieur avec son bâton, il vient du village à côté de chez nous et Ti-Cul, c'est le fils de mon meilleur chum, Daniel Grenier, ancien membre des Chick'n Swell; c'est vraiment une histoire de famille ce film-là. »
2. Trois projets différents
Marc-André Grondin mentionne qu'il y a eu trois projets différents : le scénario, le film au tournage et l'oeuvre finale. En le tournant, le comédien avait la ferme impression d'être dans un film d'auteur. Ce dernier rappelle d'ailleurs qu'il a mentionné ce fait tout l'été dans les médias jusqu'à constater récemment, en voyant le film, qu'il avait tort : Les affamés n'est pas vraiment un film d'auteur. Le long métrage est beaucoup plus « accessible » que ce à quoi il s'attendait.
3. Pas d'auditions
Le réalisateur a choisi tous les acteurs sans leur faire passer d'audition (sauf la petite et excellente Charlotte St-Martin). Il avait déjà travaillé avec Micheline Lanctôt pour le film Autrui et souhaitait répéter l'expérience et avait envie depuis un certain temps de collaborer avec Marc-André Grondin. Le cinéaste a envoyé un courriel à l'acteur dans lequel il se présentait. « Je savais très bien qui était Robin Aubert », dit le comédien en riant. « J'admire son travail d'acteur depuis longtemps. »
4. Le bûcher de chaises
Dans le film, les zombies se retrouvent autour d'un bûcher construit avec des objets du quotidien, dont des centaines de chaises. Lorsqu'ils se retrouvent près de ces amoncellements, ils sont plus calmes et tombent dans un semblant de transe.
L'auteur a préféré ne pas expliquer ce que signifiait ce monticule d'objets hétéroclites pour les affamés, afin que les spectateurs aient leur propre interprétation. Il laisse quand même présager que, pour lui, c'est un dernier lien avec leur humanité, avec leur ancienne vie. « Moi j'ai l'impression que les zombies savent qu'ils sont zombies. Ils veulent créer quelque chose qui est inné, c'est-à-dire taponner, construire, créer. Comme la création vers la mort. Ils veulent continuer de se sentir utiles. Aussi, ce n'est pas pour rien que c'est en hauteur. L'humain a toujours construit des choses pour avoir un lien avec les anges, le ciel. »
Mais, d'autres considèrent que c'est plutôt une métaphore sur la société de consommation, « comme Dawn of the Dead de Romero »; une explication qui plaît bien à Robin Aubert.
5. Humains vs. Zombies
Robin Aubert croit que cette vision post-apocalyptique du monde dépeinte dans Les affamés n'est pas si loin de la réalité. « Je pense qu’à un moment donné la nature va faire : « Bon, c’est assez. J’ai envoyé plein de signes et vous ne m’écoutez pas. Cette fois, je vais envoyer une infection et je vais vous laisser vous entretuer entre vous autres et ce qui va rester, ça va être la nature. »
Il mentionne quand même qu'il ne croit pas que l'espèce humaine s'éteindra demain. « Ce n'est pas une vision « récente ». Je ne suis pas dans un point de vue dramatique, mais vient un temps où tu veux faire un film pour faire plaisir au monde et, inconsciemment, il y a un message qui passe. Quand tu fais un film de zombies, tu réalises que tu es en train de dépeindre ta vision de l'humanité. »
Nous vous conseillons fortement ce film fantastique, qui prend l'affiche ce vendredi.