Un beau matin

[...] le cinéma, et surtout la fiction, étant ce qu'elle est, les spectateurs se sentent apprivoiser pas ce genre de personnages, sorte d'effets-miroir d'eux-mêmes.

Comme souvent dans son cinéma, le synopsis est court, présente des aspects du quotidien teinté d'une douceur mélancolique et avec des protagonistes en proie à des obligations parfois difficiles à supporter.

Alors que le récit avance, les tristesses et les petits bonheurs de la vie de Sandra s'amplifient pour devenir des événements majeurs : la dégénérescence de son père annonce sa mort prochaine, une relation débutée par hasard doit se solder par une séparation, à chaque geste de vie s'associe des défaites. 

Un sentiment d'urgence, mais aussi une grande douceur émanent du film Un beau matin de Mia Hansen-Løve. Nous y sommes témoins d'une part du déclin d'un homme érudit, qui voit ses capacités cognitives s'étioler. De l'autre, de la soif d'amour de sa fille, aidante naturelle, qui saisit une chance de bonheur qu'elle croyait disparue.

Au moment où elle s'engage dans un parcours du combattant pour faire soigner son père atteint de démence, une jeune femme élevant seule sa fille renoue avec un ami perdu de vue depuis longtemps.

Le douloureux crépuscule d'une vie glorieuse côtoie l'aube d'un bonheur amoureux dans ce beau film en partie autobiographique de Mia Hansen-Love (EDEN, BERGMAN ISLAND). Tour à tour mélancolique (avec ses accents schubertiens), sensuel et terre à terre (les déménagements successifs tragicomiques dans des résidences pour aînés de qualités diverses), UN BEAU MATIN célèbre en outre la transmission du savoir, à travers le touchant don de la bibliothèque privée du professeur à une de ses admiratrices.

Un beau matin évolue donc en permanence entre l'angoisse de la fin de la vie et la possibilité joyeuse d'un nouvel amour au chemin cependant tortueux. Sa délicatesse d'écriture y fait une fois encore merveille dans un récit souvent poignant mais non dépourvu d'humour.

Léa Seydoux n'a jamais semblé aussi fragile et battante à la fois, dans un rôle à l'opposé de celui qu'elle a tenu dans les deux derniers James Bond. Plus ordinaire, très attachante.

D'une beauté désarmante.

Ce film sensible confirme le talent de la cinéaste.

Mia Hansen-Love capte avec simplicité et délicatesse un moment de la vie dans l'un de ses plus beaux films.

De ce sujet autobiographique, Mia Hansen-Løve tire une sonate cristalline, délicate, un récit subtil qui ose laisser passer le temps. Seydoux excelle et Greggory, acteur génial, agrandit, dans un rôle impossible, son champ « greggorien ».

Léa Seydoux et Pascal Greggory sont impeccables dans les rôles principaux d'un film qui n'est jamais plombant.