Hallucinant
Vraiment permettez-vous ce plaisir, pas orthodoxe mais jouissif .
Belle surprise
N ayant aucune attente sur ce film, agréablement surpris par la tournure de l'histoire après 45 minutes du début. Bon.moment de cinéma.
Du bon cinéma d'auteur commercial et original.
Ryan Coogler, découvert avec le film indépendant « Fruitvale Station » puis aux commandes des franchises à succès « Black Panther » et « Creed », nous propose probablement le meilleur film à gros budget de ce début d’année en compilant justement ces deux influences. « Sinners » est un mélange de beaucoup de choses (niveau budget et production, genres abordés, influences et références, ...) qui aboutit à un objet unique et de complètement galvanisant dans le paysage cinématographique hollywoodien actuel. Encore plus que l’imparfait mais sympathique « Mickey 17 », qui était lui adapté d’un livre, ce film se base sur un script original très stimulant et qui sort des carcans habituels de l’industrie. On espère d’ailleurs qu’il fonctionne au box-office parce que cela fait sacrément du bien de voir que ce genre de film soit encore possible.
Coogler semble s’être fait plaisir et avoir eu le dernier mot sur tout le projet et cela malgré un budget de près de 100 M$. Pas des moyens énormes mais tout de même très conséquents et au-dessus des budgets moyens, devenus eux de plus en plus rares. Déjà, c’est une œuvre à tendance fantastique voire horrifique et gore. Traduction : qui n’est donc pas destiné à tous les publics. Mais, elle ne s’adresse pas non plus vraiment aux amateurs de purs films de genre. En effet, ici on brasse beaucoup de thématiques assez pointues, on prend son temps et on ose des séquences peu communes pour finalement n’avoir qu’un tiers du film véritablement consacré à l’horreur.
Le long-métrage dure plus de deux heures et on a rarement vu dans un film imposant de ce genre, une si longue exposition. Mais jamais on ne la sent passer ou on ne la trouve longue. « Sinners » expose son contexte, présente ses personnages, livre les enjeux et dessine les contours de la menace avec parcimonie et sur près d’une heure. Et c’est passionnant, envoûtant presque. On plonge à l’époque de la prohibition dans les terres du Vieux sud esclavagiste les yeux écarquillés. Sa reconstitution et sa mise en scène sont sublimes et le budget se voit. Un véritable plaisir oculaire et un artiste qui sait filmer et mettre en valeur les lieux qu’il filme.
Le mystère est en outre parfaitement entretenu. La tension monte crescendo, les interrogations se développent admirablement et on a aucune idée d’où tout cela va nous mener. Et c’est tellement agréable! « Sinners » est un mélange audacieux de films sur l’esclavage et les plantations, de film musical avec les sons afro-américains en ligne de mire (la musique a une grande importance dans le film et elle nous réjouit par son utilisation visuelle et sonore) et de film d’horreur avec des vampires. Imaginez donc le croisement improbable entre « La couleur pourpre » de Spielberg, « O’Brother » des frères Coen et le « Vampires » de John Carpenter! Et bien ça y ressemble un peu à ce qu’on s’imagine de ce croisement protéiforme mais c’est aussi tout à fait différent. Les références sont aux portes du film mais ne le phagocytent pas; il développe une identité propre et vraiment réussie.
Coogler a bien entendu glisser un sous-texte fort dans son histoire avec ces vampires issus du Klu-Klux-Klan qui s’en prennent aux afro-américains. Et c’est bien retranscrit, sans lourdeur, et le film porte tout son amour pour ses origines envers ce Sud déchiré par la violence esclavagiste. Il y a également pas mal de scènes incroyables, d’autres vraiment timorées et casse-gueule (cette invraisemblable scène de danse à travers les âges frôle le hors-sujet et le ridicule mais n’y verse paradoxalement jamais, au contraire) mais c’est assumé et surtout imprévisible.
Si le film ne fait pas véritablement peur, certaines séquences gores et bien sanglantes sont néanmoins délectables. Et certains plans offerts par Coogler comme ce final au lever du soleil à se damner (dans tous les sens du terme) forcent le respect. La bande d’acteurs choisis pour le film est excellente mais la muse du cinéaste dans un double rôle de jumeau, Michael B. Jordan, impressionne. Cette année entre Robert de Niro en double (« Alto Knights ») ou Robert Pattinson en multiple (« Mickey 17 »), ils se sont passés le mot! En tout cas « Sinners » captive, ensorcelle et surprend. Un film adulte et intelligent avec du spectaculaire, une vraie originalité et des prises de risque : on valide, on est déduit et on en redemande!