Les quatre saisons d'Espigoule

À Espigoule, petit village provençal de sept cent trente-deux habitants, on peut discuter avec Jean-Marc qui, non content d'être le patron du café de la place, a inventé un « poussimiel », un bonbon aux herbes et au miel, dont on discute d'ailleurs l'efficacité. La parole est libre dans le village : un poète philosophe aux théories politiques peu conventionnelles croise le maire, le curé, ou encore Fernande, qui ne cesse de râler, prenant à témoin le ciel de ses petits malheurs de femme bien en chair et drolatique. Il y a aussi l'agriculteur à côté de ses pompes, le peintre intellectuel et rebelle et combien d'autres personnages hauts en couleurs.Bien entendu, Espigoule n'existe pas, tout en existant quand même. Le nom est inconnu des cartes mais, c'est bel et bien dans son village du Haut-Var, avec ses amis d'enfance, que Philibert a élaboré un scénario à partir d'éléments réels, et interprété par ceux-là mêmes qui les ont vécus et les vivent encore. En réalité, LES QUATRE SAISONS D'ESPIGOULE est le résultat de dix ans d'apprivoisement entre le metteur en scène et les habitants d'un village de sa Provence natale. La communauté villageoise, centrée autour de lieux ( le bar ) et d'activités ( l'investiture du maire, le jour de l'An, le concours du meilleur civet ... ), renaît alors sous nos yeux, spontanément, comme si elle se donnait à voir et à entendre sans retouche. Philibert a construit son film autour de saynètes dans lesquelles chaque personnage, à tour de rôle, prend la parole et fait son numéro : la vieille râleuse, le sculpteur de bois farfelu ou le poète en pleine lecture publique et à qui on tire des balles de neige ... Ces vrais-faux personnages tonitruants nous rappellent une époque révolue où les gens – qui n'étaient pas tous des villes – n'adoptaient pas des comportements autant citadins que conventionnels. Bien entendu, on pense à Pagnol avec la verve du Midi mais aussi, à cause des « interprètes » et des liens serrés qui les unissent tous dans un coin de pays si pittoresque, on ne peut s'empêcher de se rappeler d'une certaine GRANDE SÉDUCTION."Au départ, une idée toute simple : offrir une comédie au spectateur en lui faisant partager un an de vie d'un petit village de Provence. Avec le soutien de mes amis d'enfance, acteurs de leur propre rôle, grâce à leur complicité, j'ai travesti notre village pour le transformer en un monde imaginaire appelé Espigoule. Dix ans de recherche pour tenter d'atteindre avec eux, un naturel, une authenticité du verbe, de l'accent, de la gestuelle; de leur sens de l'humour, de leur autodérision."