Le roi de l'évasion

Le thème relativement audacieux (les aléas de l'homosexualité en province) et l'angle inusité privilégié (celui de la fantaisie) laissaient présager un meilleur résultat que celui atteint par Alain Guiraudie.

Le problème majeur dans le film d'Alain Guiraudie, c'est qu'on ne croit pas du tout à l'attrait sexuel que peut éprouver le petit pétard de 16 ans pour le gros gai de 43 ans. Bien sûr, on croit à l'affection soudaine qu'elle ressent pour celui qui lui a évité d'être violée, pour cet homme doux et sensible qui est tout le contraire de son père. Mais de là à le pourchasser et à le supplier de lui faire l'amour, sachant en plus qu'il préfère les hommes, il y a un gros pas que je n'ai pas franchi.

Tragicomédie absurde sur les conventions sociales, Le roi de l'évasion présente un regard oblique sur les moeurs de la société française. Ambiance de western burlesque et libidineux, lyrique et ironique - accent chantant en prime -, pour un scénario mince, mais imprévisible.

Alain Guiraudie propose, avec Le roi de l'évasion, une oeuvre décalée et résolument fantaisiste, qui assume avec bonne humeur son côté comique, sans jamais verser dans l'absurdité.