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Critique Krach
Pour son deuxième long métrage de Fabrice Genestal après La squale, on assiste ici à une œuvre qui semble être ambitieuse du moins par le sujet qu’il évoque et a le mérite de parler d’un sujet que peu de réalisateur souhaite aborder, comme parler de la politique ou encore du pouvoir en général. Mais Krach n’est au final pas aussi impressionnant que l’on semblerait vouloir voir ne restant qu’un simple divertissement honnête mais fort maladroit. Bien que le film soit tourné en grande partie à Montréal, le film comporte tous les tics d’un film français qui souhaite jouer dans la cours des grands à savoir un film qui se rêve au destin international. En souhaitant par exemple filmer à l’américaine: linéarité, lisibilité et autre réduisant tout au minimum ce qui n’empêchera pas le film de rester dans une mise en scène globalement carré et assez sobre mais assez plate dont certains éléments plombent la volonté du réalisateur de montrer ce film comme un thriller. L’efficacité du thriller y est donc plombée comme la musique assez oppressante et assez forte, les scènes de télévision assez peu plausible ou encore l’orage qui fait son apparition au moment le plus critique du film. Bref plein d’éléments cassant toute volonté du réalisateur de rendre son film assez réussit. Même les scènes de chute libre qu’on reconnait volontiers que celles-ci permettent de casser le rythme et de souffler, cela montre aussi que le personnage manque de psychologie et réduite à la seule vraie prise de risque de Gilles Lellouche ose prendre. Krach a le mérite d’être limpide sur ce que nous ne connaissions pas dans ces nombreux vocabulaires assez compliqués de la bourse, grâce à ce film tout devient ainsi limpide, durant les quelques minutes (le film ne dure pas extrêmement longtemps) du film, on n’a jamais le sentiment d’être dépassé par un scénario pouvant être alambiqué. On regrette que les acteurs peinent à donner chair, ainsi Lellouche qui est tout de même un bon choix à la base, devenant un acteur bankable mais son jeu manque cruellement de subtilité par moment. En face de lui, il n’y a hélas pas grand monde, Vahina Gioclante est comme à son habitude pas trop présente et reste assez décorative, comme Michael Madsen dont on apprécie sa carrure semble juste se contenter de promener sa dégaine. Regrettable pour un film qui n’est pas des plus convaincants au niveau formel et ce même si le film promettait beaucoup en traitant d’un sujet complexe et ce moins de deux ans après l’éclatement de la crise des subprimes, sauf que le film est basé sur une histoire plus ancienne datant de 98 mais qui n’est pas sans lien avec la situation que nous connaissons aujourd’hui. Krach propose aussi de montrer la dangerosité des pratiques de nombreux spéculateurs, ni sur leur consommation de drogue…bref il aurait sans doute fallu s’intéresser plus à la femme tradeur qui semble plus être présentée avec plus de lucidité, personnage complexe et passionnant.
Mais bien que le film est vite cassé sans doute dû à une mise en scène trop légère, le film se laisse pourtant séduire par l’univers de ces personnages, on aime ainsi à les suivre tout au long du film (pari risqué mais audacieux) dans un thriller qui explique leurs dérives, nous faire partager les frissons qui animent le personnage principal. Le thriller s’impose donc pour rendre haletant un récit dans un univers sombre et aseptisé. Le réalisateur décide même de rendre son personnage assez naïf trouvant des excuses à son héros, moins caricaturaux que ses collègues. Les auteurs laissent penser d’après le scénario qu’ils ont écrit que ce sont les banquiers et les hommes d’affaires richissimes qui sont les principales victimes d’un krach boursier. Ils attribuent la crise aux erreurs d’individus isolés, les auteurs dédouanent donc un système par nature instable. La vraie faiblesse du film se trouve surtout de côté du scénario (il y aurait ainsi une corrélation entre les variations climatiques et les marchés financiers et que le personnage principal s’attache à la première climatologue venue) le générique laissait pourtant présager un film bien sombre à souhait, mais le film a le mérite d’être un film ambitieux, tourner en nord-américain, une affiche à la Ocean’s Eleven. Tout le film est donc basé sur le héros principal dont à la suite de la découverte de se trouvaille qui se trouve être basé sur un nouveau modèle, fait déraper le film dans la science-fiction assez absurde, on regrette que le réalisateur n’est pas choisi un exemple plus concret et on a du mal à y croire, pourtant c’est de ce point de départ que l’intrigue tourne quelques peu en rond au point que la suite devient prévisible et assez ennuyeuse. Pourtant comme indiqué plus haut, il y avait de quoi dire sur un milieu si décrié en ces temps de crise. Wall Street 2: l’argent ne dort jamais semble donc plus abrupte à répondre face à ce simple film français qui ne semble pas faire le poids face à un film américain tenu par un grand réalisateur. On appréciera le final qui propose une morale assez rentre-dedans assermenté d’un final choc. On regrette donc que le réalisateur Fabrice Genestal ne se soit pas assez lâché un peu plus dans la mise en scène (les scènes de bureaux sont assez bien plats et le personnage de Sybille aurait dû être mieux exploités) Krach est donc un thriller qui doit beaucoup à son personnage principal Gilles Lellouche dont on connait bien les talents comiques, il bouffe l’écran et ce même s’il manque de subtilité par moment, tour à tour séducteur, tendre, manipulateur…. Peut-être que le prochain Klapisch dans lequel Gilles joue un trader sera le film qui lance définitivement la carrière d’un acteur avec un potentiel immense.