Post-apo de haut niveau.
Ce film fait partie de ceux qui contredisent l’idée que l’on pourrait se faire selon laquelle les œuvres postapocalyptiques demandent forcément beaucoup de budget. En effet, « 40 acres » a été tourné pour à peine 8 millions de dollars et il semble pourtant en avoir coûté plus du triple. Cette somme est bien sûr une peccadille pour un film en général de nos jours mais c’est surtout très peu comparé à la moyenne des films de ce genre. Par exemple, et pour ne pas rentrer dans des comparaisons avec un blockbuster, le récent « 28 ans plus tard » en a coûté plus de 60... Et la différence de budget ne saute pas aux yeux que ce soit au niveau de l’ambition, du rendu et du spectaculaire, les zombies en moins. On peut donc clairement affirmer que R. T. Thorne impressionne pour son premier film qui confirme que le manque de moyens peut être un vecteur d’inventivité et de rendement pour chaque dollar investi.
Et au-delà de ces simples considérations purement pécuniaires, « 40 acres » est une sacrée bonne surprise. Un très bon film de ce sous-genre galvaudé et à la mode depuis une bonne dizaine d’années qu’est le film postapocalyptique. Ici pas de zombies, pas de créatures ou d’invasion extraterrestre, juste une épidémie qui a décimé le monde animal et qui a coupé sévère dans les ressources naturelles créant une famine et une réduction drastique de la population. On y suit une famille mixte composée d’afro-américains et d’autochtones que la mère, ancienne militaire, tient d’une main de fer. La ferme et ses ressources sont parfaitement gérées leur permettant de vivre en auto-suffisance si ce n’est différentes menaces comme celle de pillards (avec l’incroyable et parfaitement maîtrisée scène d’ouverture) et, nouvellement, de cannibales. Ces derniers vont faire planer un voile anxiogène sur le récit et le faire monter en tension.
Dès le premier quart d’heure du film, le script pose impeccablement les bases et le contexte. Le décor champêtre mais isolé, le cadre pandémique et de presque fin de l’Humanité et cette famille recomposée parfaitement entraînée par une matriarche sévère mais juste. L’atmosphère est lourde et après l’implacable séquence inaugurale, « 40 acres » va poser ses pions doucement mais surement jusqu’à la longue séquence d’action finale, tout aussi réussie. D’ailleurs, on ne peut que louer la maîtrise technique de Thorne dans les scènes spectaculaires. Que ce soit une fusillade dans le noir qui n’a rien à envier à celle de « The Batman » en passant par le combat dans la grange, c’est bien filmé et souvent original.
Tout le long-métrage est de toute façon traversé d’excellentes idées de mise en scène. Les images sont belles, soignées et le néo-cinéaste confectionne des plans où la lumière et les cadrages accouchent de superbes tableaux. Mais il n’y a pas que la forme qui est satisfaisante. Les acteurs sont excellents, dominés par la prestation impeccable de Danielle Deadwyler dans le rôle principal. Et s’il est une chose qu’on apprécie, c’est que « 40 acres » évite les clichés habituels de ce genre de productions, que ce soit dans des répliques qui cassent les codes, des moments qui nous désarçonnent en plus de considérations sur la famille, l’unité et le monde qui portent à réflexion. Alors, certes le long-métrage ne gagnera pas le prix de l’originalité et le happy-end est peut-être un peu trop happy mais voilà une excellente surprise à n’en pas douter.
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