Le réalisateur des films d'animation Les triplettes de Belleville et L'illusionniste, Sylvain Chomet, a présenté un premier film de fiction en action réelle l'an dernier. Sorti en octobre en France, Attila Marcel raconte l'histoire de Paul, un pianiste dans la trentaine qui ne parle jamais à cause d'un traumatisme d'enfance, mais qui s'ouvre à la rencontre d'une voisine, Madame Proust. Le film prend l'affiche au Québec ce vendredi.
Nous avons rencontré l'acteur principal du film, Guillaume Gouix, à Paris en janvier dernier. Anne Le Ny, Bernadette Lafont et Hélène Vincent complètent la distribution du film.
Quel a été votre premier contact avec le scénario? « J'étais déjà fasciné par le cinéma de Chomet. Il m'avait appelé pour un essai pour le film, mais on n'avait pas le droit de lire le scénario. Discrètement, j'ai réussi à me le procurer, je suis allé aux essais en faisant semblant que je ne l'avais pas lu, alors en sortant il m'a donné le script en disant « Lis-le, quand tu l'as lu appelle-moi », je suis rentré chez moi, j'ai attendu une heure et demie et je l'ai rappelé. »
« C'était fascinant à lire, c'était visuel. »
Ressentiez-vous le passé d'animation du réalisateur Sylvain Chomet? « On le sent, il y a des réflexes. Tout est important, l'acteur est important, mais le tableau qui est derrière aussi, parce que l'humour vient de sa composition à lui. Petit à petit il a accepté que ça comportait du hasard des êtres vivants, il a décidé d'en faire une force et s'en est servi. »
C'est un humour qui est très inhabituel. « C'est de l'humour, mais c'est très mélancolique, il y a un humour très... ça rit jaune, ça rit triste. Les gens qui jouent drôle moi ça ne me fait jamais rire, ce qui est drôle, c'est la situation. »
Votre personnage ne prononce pas un mot. Quel travail devez-vous faire? « J'ai une tendance d'aller vers des choses plus expansives, plus volubiles, donc là mon travail c'était justement l'économie, de réussir à être là et à maîtriser chaque geste, chaque sourire, chaque regard. C'était presque du dessin, moi aussi. Écouter les autres, quoi. C'est ce que j'aime chez Sylvain, il a un monde très bizarre, onirique, mais il y a une forme de réalité. On peut croire que ces gens existent. »
« Dans le jeu, il n'y a pas de filtre. Si on ne peut pas parler, on ne peut pas mentir. Ça se voit tout de suite si on est à côté, si on n'écoute pas vraiment l'autre. C'est pas possible de tricher. »
« Les plateaux ressemblent toujours au metteur en scène, Chomet est comme ça dans la vie; il est complètement dans son monde, mais en même temps il aime les gens, il est drôle, mais il est compliqué parce qu'il a un plateau qui bouillonne. Son plateau lui ressemblait. »
Attila Marcel est distribué par Métropole Films.