Pour son deuxième projet de long métrage, l'INIS a confié à Anaïs Barbeau-Lavalette la responsabilité d'un long métrage à partir du scénario de Renée Beaulieu. Enfin terminé après des mois de travail, Le ring prend l'affiche cette semaine au Québec.
Rencontre avec la réalisatrice, la scénariste et Maxime Desjardins-Tremblay.
Voyez aussi notre galerie de photos de la première.
Le film met également en vedette Maxime Dumontier, Jason Roy-Léveillée, Stéphane Demers, Julianne Côté et Jean-François Casabonne.
Anaïs Barbeau-Lavalette
Comme la scénariste Renée Beaulieu et les producteurs Ian Quenneville et Thomas Raimoisy, la réalisatrice a suivi la formation de l’INIS. « Je suis sortie de l’INIS en 2000, et quand il y a eu la possibilité de faire un long métrage, j’avais envie de participer. J’ai rencontré Renée Beaulieu et elle m’a dit, de façon généreuse : « de quoi tu as envie de parler? » Moi, je n’aurais pas pu faire un film sur autre chose que ce thème-là. C’est vraiment ça qui m’habitait, qui m’habite encore, que j’avais envie de raconter, que je me sentais aussi le droit de raconter. »
Parmi ses inspirations, elle cite les frères les plus connus du cinéma belge. « Mes maîtres à penser ont été les frères Dardenne, leur souffle cinématographique m’inspire énormément. Ils ont été mes lampions. Pendant le tournage, j’ai re-revu leurs films avec le directeur-photo. »
« Le directeur-photo, qui est mon père (Philippe Lavalette, ndlr), a été super ouvert et généreux, il a plongé dans cet univers-là. À chaque fois je lui disais : plus sale, plus fou, il fallait toujours décadrer... Il a plongé là-dedans avec moi. »
C’est un petit gars du coin, Maxime Desjardins-Tremblay qui campe le rôle principal. « Maxime c’est particulier. On l’a cherché beaucoup. J’avais tourné un documentaire qui s’appelle Si j’avais un chapeau, et j’avais filmé à la lutte amateur dans Hochelaga. Et il y avait un petit cul dans la foule qui gueulait, il était vraiment en transe, il était vraiment dedans, plus que les autres. C’était Maxime, il avait dix ans à l’époque. »
« On l’a retracé et il et venu passer l’audition avec 150 jeunes d’agences et de casting sauvage. »
« Après on a beaucoup travaillé ensemble, on a eu des répétitions filmées dans les lieux de tournage, on y allait et on a fait tout le film comme ça en répétition. Avant les jours de tournage avec une toute petite caméra de rien, on allait sur les lieux et on faisait la scène de plusieurs façons, on travaillait autant le jeu que le découpage. »
Le film s’inscrit dans le cinéma engagé, au même tire que les documentaires qu’elle a réalisé. « Là on parle d’Hochelaga-Maisonneuve mais c’est tous les quartiers, pas seulement du Canada, mais du monde. En fait, ce que j’espère c’est que ça rende le quartier plus vivant, plus proche de nous, et que les gens aient envie de s’impliquer. On peut faire dequoi juste à côté. Que les gens qui voient le film aient envie d’aller à Hochelaga pour rencontrer ces jeunes-là et aider dans la mesure de leur moyen.
« Je voulais faire un modèle de résilience, d’un petit battant. Ça peut inspirer plusieurs personnes, on est souvent là à chialer pour pas grand-chose. Des petits battants comme Jessy, c’est des beaux modèles. »
Anaïs Barbeau-Lavalette travaille sur un documentaire dans le Sud-Ouest de Montréal. Un film sur des jeunes enfants qui montent un projet d’opéra, le même que celui de l’Opéra de Montréal en fait. Le tournage durera un an, et ensuite, peut-être un autre long métrage de fiction... qui est déjà en processus d’écriture.
Maxime Desjardins-Tremblay
À quelques jours de la sortie du film, le jeune acteur admet vivre un stress important. « C’est un gros stress. Je ne pensais pas que ça allait être big de même. »
La tournée de promotions et les entrevues à répétition ne l’on pas découragé? « Non, j’aimerais ça continuer. J’ai eu un contrat avec Ma mère est chez le coiffeur, avec Léa Pool, on a tourné ça cet été, on va checker pour le reste. »
Comment était l’ambiance sur le plateau? « Entre les prises, on niaisait, on faisait des blagues avec l’équipe mais on revenait toujours sérieux quand c’était le temps. Des fois, moi et Maxime on dépassait, quand on partait à rire on n’était plus arrêtables. »
« Travailler avec Anaïs c’est vraiment l’fun. Elle est attentive, on dirait qu’elle avait des années et des années d’expérience. »
Est-ce que le film est réaliste? « Oui, ça se rapproche de la vraie vie. C’était notre but et je pense qu’on a réussi. Je suis très fier. »
Comment ton personnage te ressemble-t-il? « Son côté battant, de toujours persévérer. L’affaire qui me ressemble le moins, c’est que lui est beaucoup plus influencé. »
C’est un film qui te plairait si tu ne jouais pas dedans? « J’irais le voir parce que c’est vraiment un film avec un message qu’on essaie de faire passer. Juste d’aller voir ce film-là, c’est comme être à Hochelaga-Maisonneuve. J’ai hâte de le voir et de l’analyser, parce que sur le coup j’ai rentré dans le personnage, j’étais vraiment dedans. »
Renée Beaulieu
« Sincèrement, je n’ai pas d’attentes. Pour moi, tout le monde a le droit d’en avoir la perception qu’il veut. Ça m’intéresse de savoir ce que les gens en ont pensé, ce qu’ils ont aimé, moins aimé, mais pour moi le film est fini. » Il faut dire que le scénario est terminé depuis plusieurs mois, voire plus d’une année.
« Au début, Jessy Kelly et Sam étaient trois enfants de trois familles différentes, alors de tous les ramener ça a été le dernier gros changement, ça a été un bon coup. Je ne regarde vraiment pas le film en me disant que j’aurais pu faire autrement. Il y a le scénario et le film, ce sont deux entités différentes. »
« Mais je sais que moi, si j’avais été spectatrice, j’aurais aimé ce film-là. »
Et pourquoi choisir le cinéma et pas la télévision ou le roman? « Ça a longtemps été mon rêve le roman, mais... La vie est relativement courte, alors peut-être, plus tard, mais là j’ai d’autres projets qui sont tous en cinéma. Je suis capable de finir un long métrage, mais un roman je ne sais pas, ça n’aboutit pas... Je suis plus une fille d’images. »
« Et il faut sortir des règles, sinon on est à côté de la track. On fait du cinéma justement parce qu’il y a moins de règles qu’ailleurs. »
« Quand tu pars avec quelque chose d’inventé, tu es dans la création. La façon pour être certain que ça soit bon ou pas bon, on ne la connaît pas encore... Mais il y a toujours de la créativité. »