Nippon love and death.
Pour apprécier « Super Happy Forever », il faut décemment accepter de se lover dans une langueur propre au cinéma d’auteur japonais dans ce qu’il a de plus représentatif (ou caricatural selon les sensibilités). Et c’est peut-être aussi les limites de ce joli film poignant mais particulier qui fait état du deuil amoureux et du deuil tout court de manière très belle, simple, juste et poétique. C’est-à-dire que le film est un brin trop contemplatif, s’attardant longuement parfois sur des gestes anodins ou des objets, ou tendant à étirer un plan de coupe plus que de raison. Le rythme du film est au diapason, lent et lancinant, on pourra donc lui reprocher des petites longueurs ou un petit quart d’heure de trop.
Ceci mis de côté, on peut apprécier « Super Happy Forever » comme une jolie balade dans les souvenirs, une réflexion sur l’acceptation du départ de l’autre, la mort et la fin d’un amour. Le film est scindé en deux parties distinctes et égales. On commence, à raison et c’est la bonne idée du film, par le segment le plus dépressif, celui du deuil (amoureux et tout court donc) dans le présent. Et on termine par celui de la rencontre magique et belle entre deux jeunes japonais dans le passé. Tout se situera dans un hôtel, une partie avant et une partie après le Covid. Un hôtel situé en bord de mer dans une station balnéaire offrant un cadre inusité et rare dans le cinéma nippon qui rend ce long-métrage tout en douceur et en murmures un tantinet exotique et dépaysant.
Pourtant, ce qui demeure le plus réussi dans cette œuvre discrète et humble s’avère cette accumulation de petits riens qui font beaucoup. Et c’est donc la manière dont sont représentés ces petits détails à priori anodins qui stimulent notre mémoire sentimentale qu’il excelle. Quand le personnage principal masculin part sur les traces du début de son idylle, les objets et les lieux (et les odeurs si on pouvait respirer l’écran de cinéma) deviennent catalyseurs de souvenirs. Et lorsque la seconde partie revient dans le passé sur les mêmes schémas, cela rend le procédé encore plus probant et réussi. Le film nous touche, nous émeut et nous fait ressentir une émotion emplie de nostalgie. Une simple casquette perdue, fil rouge et rouge d’un film attachant, est vectrice de beaucoup de choses dans ce « Happy Super Forever ». Et comme les interprètes sont au diapason de l’ensemble, on embarque malgré tout. Un film dont la subtilité égale l’amertume qu’il dégage et dont les tics propres au cinéma japonais sont compensés par l’émotion discrète qui irradie le film.
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