Mes amis, mes emmerdes.
A première vue, Eric Lavaine nous refait peu ou prou le coup du film de potes qui se retrouvent en vacances comme il l’avait fait avec l’un de ses meilleurs films, en l’occurrence « Barbecue ». Un groupe, des petits secrets, des animosités, des rancœurs, des non-dits et un personnage en roue libre qui fait l’originalité relative du film et lui donne son titre, « Chamboultout ». Il n’y a clairement que très peu de nouveauté ici par rapport à ce film qui a dix ans aujourd’hui et on pourra reprocher au réalisateur de se répéter, laissant le spectateur avec un goût de déjà-vu. En effet, il n’est pas le seul à mettre en scène ce genre de films, « Nous finirons ensemble » à l’affiche en ce moment en est d’ailleurs l’exemple type. Mais Lavaine est doué dans le domaine et ses long-métrages sont souvent réussis, on prend plaisir à les visionner. Ne boudons donc pas notre plaisir pour la seule et pas vraiment légitime raison qu’on a la vague impression d’avoir déjà eu affaire à ce genre d’histoires. Cela n’enlève rien à la qualité du film.
La tonalité générale est toujours davantage axée sur l’humour que sur le drame même si on a droit à quelques moments touchants (et justes) en fin de bobine. « Chamboultout » peut également se voir comme une étude de caractères qui donne une certaine vision de l’amitié et des rapports entre personnes se disant amis. La cécité et le côté cash du personnage de José Garcia associés à la parution du roman de sa femme jouée par Alexandra Lamy (dans lequel toute la bande est personnalisée avec des pseudos) vont cristalliser tous les enjeux humoristiques du film entre quiproquos, répliques cinglantes et comique de situation. Et ces dialogues et situations sont bien écrites et la plupart du temps très drôles. D’ailleurs le gag récurrent du film entre Garcia et Mickaël Youn (sobre et très bon ici) est vraiment excellent.
On pourra reprocher au film un nombre trop important de personnages. Il y en aurait deux ou trois en moins que ça n’aurait rien changé à l’appréciation du long-métrage. Au contraire, cela aurait peut-être permis de rester moins en surface dans la psychologie des personnages restants. Car certains des seconds rôles n’ont vraiment pas grand-chose à jouer quand bien même ils le font bien, en témoigne le rôle de Jean-Francois Cayrey réduit à un radin ou celui de Medi Sadoun, le mec un peu bête de la troupe. Des personnages vignettes, qu’un film un peu plus long aurait peut-être permis de mieux apprécier. Mais Lavaine a un sens du tempo inné et on ne s’ennuie pas une seule seconde, « Chamboultout » ne faisant pas une seule minute de trop. En plus de cela, sa mise en scène est clairement un cran au-dessus de la moyenne des comédies françaises et c’est souvent bien croqué sans verser dans la caricature. Bref, une comédie de mœurs qui ne marquera pas par son originalité mais qui s’avère réussie en tous points en nous faisant passer un excellent moment.
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