Le réalisateur Jean Becker était de passage au Québec pour présenter son plus récent film, Dialogue avec mon jardinier, qui prend l'affiche ce vendredi. Le réalisateur de Effroyables jardins et de Les enfants du marais dirige cette fois-ci Jean-Pierre Darroussin et Daniel Auteil.
Un peintre parisien qui vient de s'établir dans la maison de son enfance à la campagne cherche un jardinier. Le premier candidat s'avère être un ancien compagnon d'école maintenant retraité. Au fil des conversations, les deux hommes retrouvent leur complicité d'antan.
Jean Becker
Ce n’est pas la première fois que vous venez au Canada... « À chaque fois que je sors un film au Canada, je viens le présenter, faire la presse pour les gens qui ont acheté le film. » Avez-vous déjà eu peur que les références ne trouvent pas le même écho au Québec? « Je n’ai pas cette impression. Pour ce qui est de mes films, de façon générale, j’ai les mêmes critiques positives ou négatives, et la réaction du public est la même qu’en France. En tout cas j’ai pas senti. »
Et quelle est la genèse de ce film-ci? « C’était pas un roman, c’était plus un témoignage. L’auteur, Henri Cueco, a rencontré cet homme, ce jardinier, et il a voulu lui rendre hommage en racontant qui était ce personnage. Quand j’ai lu le bouquin, j’ai eu envie de l’entendre, de l’écouter ce bonhomme-là. Déjà sa manière de parler m’avait touché et la seule façon de l’entendre, c’était soit une pièce, soit un film. »
« Je ne suis pas un homme de théâtre, mais il n’est pas dit qu’un jour je ne vais pas réécrire ce dialogue avec mon jardinier pour en faire une pièce de théâtre, parce que ça se prête assez. Je le ferai peut-être dans deux ou trois ans, parce qu’en fait Jean-Pierre Darroussin ça l’amuserait de le faire. »
Le sujet se prêtait-il aussi bien à une adaptation cinématographique? « C’était un peu une gageure parce que c’est un film... je ne veux pas dire statique, mais c’est quand même deux personnages qui se parlent pendant une heure cinquante, et le défi c’est que les gens ne s’ennuient pas à les écouter. »
« On a cherché qui pouvait être à la hauteur à la fois de faire passer ce texte et de le comprendre et de bien l’interpréter. »
Est-ce que les comédiens ont une qualité commune? « D’abord d’être des grands comédiens. Au début, c’était pour Villeret, mais il est mort avant que j’aie fini, alors j’ai mis de côté. Parce que c’était un ami, et je ne pouvais pas... J’ai repensé à Jean-Pierre dans le film Un air de famille, où il était très touchant, très humble, comme il est dans ce personnage, et je me suis dit que dans le fond, il pouvait très bien le faire aussi. »
« Je suis allé le voir, je lui ai donné l’histoire et il m’en a parlé avec un tel amour du personnage, que je me suis dit que j’allais le faire avec lui. Et puis Auteuil ça faisait longtemps que j’avais envie de travailler avec lui, c’est un acteur qui, lorsqu’il comprend un rôle, peut tout faire, mais vraiment tout faire. »
« Je lui ai envoyé ce truc comme une bouteille à la mer et bizarrement, alors qu’il ne répond jamais, deux jours après il me dit : « Je le fais. ». Ça voulait dire qu’il avait aussi compris et aimé le personnage. »
Y en a-t-il avec qui vous auriez particulièrement envie de travailler? « Il y a plein d’acteurs avec qui j’aurais envie de travailler, mais j’aurais envie de faire naître quelqu’un, en tout cas au cinéma. »
Quel sera votre prochain film? « En fait, Deux jours à tuer le titre n’est pas ça, parce que comme vous pouvez vous en rendre compte, ça fait un peu polar alors que ce n’est pas du tout un polar. Je ne peux pas vous raconter l’histoire parce que je dévoile beaucoup de choses mais bon; c’est un homme de quarante ans, il quitte son boulot, sa femme, ses enfants, il s’engueule avec ses amis, pourquoi? Voilà. C’est avec Alpert Dupontel et Marie-Josée Croze. »
Le film prendra l’affiche en France le 30 avril 2008 et devrait traverser l’Atlantique pour être présenté sur nos écrans avant la fin de 2008.