Les femmes du square

Déjà perçu dans Le sens de la fête, le formidable abattage d'Eye Haidara est ici exploité à sa pleine mesure par le cinéaste. Lequel livre une réalisation rythmée et efficace, mais formellement très discrète.

Comédie sociale un peu trop écrite par moments, mais joliment chaleureuse, le film donne le beau rôle à des femmes généralement laissées dans l'ombre, et magnifie l'incomparable Eye Haïdara (Le Sens de la fête, En thérapie, saison 2).

Mais on ne croit à rien dans ce film : ni au personnage d'Angèle, qui semble aussi déguisée en arnaqueuse en mini-short qu'en nounou rebelle, ni à sa relation avec un avocat chic et sérieux, ni à ce petit garçon de 8 ans qui parle et réagit comme un adulte.

Scènes rigolotes et répliques senties suffiraient déjà à susciter l'empathie pour cette comédie romantique et sociale capable d'asséner quelques vérités. Il y a mieux : Eye Haïdara, baratineuse d'enfer, niaque inouïe, déjà repérée dans « le Sens de la fête » et « En thérapie ».

Le film de Julien Rambaldi jette un regard original et pertinent sur les babysitters parisiennes. Son excellente distribution en fait une comédie très incarnée.

La tendresse et le respect pour des femmes aux origines variées imprègnent une comédie de moeurs généreuse, car révélatrice in fine de l'exploitation dont elles sont victimes.

Une comédie sociale parmi tant d'autres qui ne brille que par l'énergique interprétation de son personnage principal.

Si l'intrigue n'évite pas des tonalités manichéennes, elle n'en évoque pas moins de manière intéressante le care (soin) dévolu aux femmes racisées et ses contradictions.

La dénonciation est là, mais pas martelée. Juste emballée dans un film social feel good assez rafraîchissant, mâtiné de comédie romantique, et signé par un cinéaste qui faisait preuve des mêmes qualités il y a un an avec C'est la vie.

Il convient aussi de dire à quel point cette réussite est due à la présence d'Eye Haïdara dans la peau d'Angèle. Vue notamment dans Le sens de la fête, l'actrice tient ici son premier grand rôle au cinéma et livre une performance relevant autant de la tornade que du feu d'artifice. Elle y est formidable.

Mais le rythme infusé au film et la prestation tonique d'Eye Haïdara nous gardent quand même accrochés à ce récit. Surtout que la chimie fonctionne entre l'actrice principale et Vidal Arzoni, jeune partenaire de jeu mignon comme tout avec ses yeux d'un bleu intense et sa coiffure rappelant celle d'un René Simard enfant.