C'est lundi soir dernier qu'avait lieu la première du film Québec sur ordonnance, le nouveau documentaire de l'animateur de radio Paul Arcand. Il était évidemment sur place avec sa productrice Denise Robert, et nous les avons rencontrés.
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Le film s'attarde sur l'industrie des médicaments au Québec, alors que les Québécois consomment en moyenne 750 pilules par an.
Paul Arcand
Pourquoi choisir ce sujet-là en particulier? « Je trouvais que c’était un sujet qui n’avait pas été assez largement couvert. Quand on parle du système de santé, on parle toujours des hôpitaux, des salles d’urgence, ces affaires-là. »
« Je voyais qu’il y avait un surconsommation et je trouvais la réponse officielle un peu limitée de me dire que c’est parce que le monde vieillit. »
« On a commencé la recherche en établissant des faits de base. Établir le nombre d’ordonnances, etc. Après ça, c’est de trouver qui sont les intervenants potentiels et de partir. On ne fait pas un scénario avant, on rencontre des gens qui nous ouvrent des portes. »
Comme Les voleurs d’enfance, le film sera largement diffusé, risque d’effleurer les sensibilités et peut-être même de choquer. Est-ce que la manière de travailler est affectée? « Franchement, non. On ne veut pas faire des œuvres confidentielles que personne n’écoute, mais en même temps, ce n’est pas comme ça que je travaille. Une fois qu’on s’entend, avec Denise Robert, sur ce qu’on fait, je n’ai pas le box-office en tête. »
« J’essaie de faire un film que les gens vont comprendre, que les gens vont être capables de suivre, même si c’est quand même compliqué comme histoire, mais de rendre ça le plus comestible possible. Et qu’après ça il y ait un débat et des discussions qui s’engagent. »
Et qui doit réagir? La classe politique?« Je pense que tout le monde va être interpellé, à partir de ce moment-là, c’est aux différents lobbys de réagir. »
Le ministre Couillard est presque la vedette principale du long métrage, a-t-il apprécié? « Il n’a pas vu le film, pas encore. »
Qu’est-ce que le cinéma permet de faire qui n’est pas possible à la radio? « Les deux sont vrais. C’est sûr qu’un film a de l’impact, c’est sûr que tu as du temps pour le faire, mais la radio demeure un média extraordinaire pour la rapidité, et aussi la chaleur avec les gens. »
Paul Arcand va donc animer son émission matinale à la radio de Montréal pour encore quelques temps avant de se lancer dans un autre projet. Pour l’instant, « le seul projet c’est de se reposer. »
Denise Robert
« Pour Les voleurs d’enfance, l’expérience avec été pour moi formidable, j’avais beaucoup apprécié travailler avec Paul, et je lui ai demandé s’il accepterait de faire un autre documentaire. »
« Il hésitait entre deux sujets, finalement il a choisi ce sujet-là. Je lui ai donné carte blanche. »
Quelle est la responsabilité de la productrice dans un projet comme celui-là? « Pour moi, c’est un accompagnement, je suis là pour donner à Paul les outils dont il a besoin. Le documentaire, c’est la liberté de faire ses choix, de le présenter comme il le veut, de le monter comme il le veut. »
« Un documentaire, c’est le point de vue de quelqu’un sur un sujet. Moi, je peux avoir un point de vue différent, mais avec son point de vue sur ce film, j’ai appris de choses que je ne connaissais pas. »
Est-ce un travail bien différent d’un film de fiction? « Non, je ne pense pas. Un documentaire pour moi ça a toujours été de raconter une histoire, sauf que l’histoire est vraie. C’est la seule différence. »
Quel avenir pour le film? « On découvre toujours l’effet du documentaire sur les gens, on est toujours surpris. On ne sait pas quel effet il aura sur les gens, j’ai hâte de voir, parce que ce documentaire-ci concerne tout le monde. »
« Je regarde à quel point on prend pour acquis qu’on prend des médicaments, c’est normal. On remet en question la nourriture qu’on se met dans la bouche, mais les médicaments, ça non, on en prend à volonté. Ça me fait réfléchir. »
Le film prend l’affiche aujourd’hui à travers le Québec.