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Exercice de style fascinant et trompeur.
Une journée dans la vie amoureuse d’un tueur en série. Cette phrase en guise de synopsis, totalement énigmatique et intrigante, qui ressemble plus à une accroche qu’un véritable résumé digne de ce nom prouve bien le côté génialement roublard de « Strange Darling ». D’ailleurs, mieux vaut ne rien savoir avant d’entrer dans la salle de projection ou de visionner le film car c’est tellement agréable de se faire avoir de la sorte et ainsi maximiser les surprises et les émotions. J.T. Mollner va, avec l’aide de l’acteur Giovanni Ribisi qui officie ici à la production et à la photographie avec beaucoup de brio, prendre un malin plaisir à jouer avec le spectateur. On pense entrer dans un film de serial-killer inspiré de faits réels avec une part de romantisme au vu de l’affiche et dudit minuscule résumé d’une phrase alors qu’en l’espace de quelques scènes on va vite se rendre compte que tout ce qu’on croyait va être constamment remis en question. Et avec panache, surprises jubilatoires, faux-semblants et beaucoup d’originalité.
Alors oui, de par la manière dont est présenté son script et sa mise en scène, on ne peut nier que « Strange Darling » frôle l’exercice de style. Un exercice de style qui semble en plus très conscient de son intelligence mais qui ne prend pas non plus son public pour des imbéciles mais, au contraire, va flatter son envie de devinette et de jeu. Un exercice de style fascinant et trompeur qui nous scotche à son histoire et à ses images de manière exponentielle plus les minutes passent. On pourra certes trouver quelques petites longueurs disséminées par-ci par-là et que le début est un peu nébuleux et étrange dans sa manière d’être présenté. Mais avec la suite, on va assimiler les raisons de tout cela, s’amuser à deviner le fin mot de l’histoire et se délecter du dénouement et de comment tout cela va se terminer. Ce second long-métrage d’un cinéaste inconnu va surtout se sublimer grâce à une science du montage éminemment pertinente qui permet de rebattre les cartes constamment. En effet, ce montage dans le désordre à la « Pulp Fiction » a une raison d’être et il s’avère machiavélique d’intelligence en nous faisant aller de surprise en surprise sans fausse note.
On apprécie aussi la vision novatrice pour notre époque (ou oubliée, au choix et selon votre âge) des rapports hommes-femmes. À une époque où les films sur la masculinité toxique, le mouvement MeToo et assimilés et les hommes cis comme on les appelle désormais sont montrés en boucle comme les personnes à abattre, « Strange Darling » se permet un virage de côté salutaire et presque égalitaire qui fait du bien. Et que dire de la composition proprement monstrueuse de Willa Fitzgerald, actrice méconnue mais dont on risque d’entendre beaucoup parler. Tantôt vulnérable et fragile, inquiétante et folle ou encore totalement sidérante, la jeune femme livre une prestation qui fera date. Ajoutons à cela une mise en scène de toute beauté qui mixe couleurs criardes et néons avec la beauté rurale et naturelle de la campagne de l’Oregon ainsi que quelques scènes d’une tension extrême et/ou d’une violence sèche et vous obtenez une petite bombe de suspense complètement imprévisible. Et pour ne rien gâcher, la bande originale est à tomber par terre et la scène finale est belle à se damner : un petit coup de cœur!
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