Très bon
90 minutes de plaisir
Drôles et méchant(es)!
Et bien il faut avouer qu’on ne l’avait pas vu venir celui-là et que c’est une sacrée bonne surprise. Pour nous spectateurs mais aussi pour la comédie française. Déjà éprouvé avec le sympathique « Vilaine », Alann Mauduit revient dix ans après et nous conquiert complètement avec « Rebelles ». Un film qui fait l’effet d’une petite bombe en étant aussi déjanté qu’original même si l’on ressent des inspirations de-ci, de-là mais à la sauce franchouillarde et Nord-Pas-de-Calais. On n’avait pas ressenti cela depuis bien longtemps, un effet comme celui procuré il y a vingt ans par le fou « Serial Lover » de James Huth. Il réussit le mariage complètement improbable entre la comédie bête et méchante à l’humour féroce et noir et le polar azimuté, violent et frénétique. Tout cela mâtiné d’un contexte social bienvenu quoique pas forcément plus fouillé que cela car ce n’est pas le sujet du film. Imaginez donc le cinéma d’Etienne Chatilliez première période (Mauduit se pose ainsi en digne héritier) croisé avec celui de Quentin Tarantino ou Guy Ritchie et un peu de celui des frères Dardenne pour la toile de fond. Drôle de mélange ? Mais qu’il est bon !
En effet, totalement inespéré que ce cocktail explosif prenne… Et pourtant ! « Rebelles » est un film complètement dingue en étant à la fois populaire dans le bon sens du terme. On rit pas mal, bien que ça ne soit pas forcément aux éclats. Mais bon sang que ça fait du bien de l’humour de cette trempe, très noir, rageux et pas toujours politiquement correct. Si la deuxième partie perd un peu en rires, elle le gagne d’ailleurs côté polar jusqu’à un final pétardant qui vaut son pesant de cacahuètes. Tous les gags marchent et pourtant certains sont osés ou ne devaient pas sembler très prudents sur le papier. Les dialogues sont succulents et parfaitement mis en bouche par trois actrices complètement déchaînées et castées à merveille. L’alchimie entre Audrey Lamy, Yolande Moreau (certes toutes deux dans un registre qu’elles maîtrisent sur le bout des doigts) et Cécile de France est impeccable. Et cette dernière détonne dans un contre-emploi dont on se souviendra.
Le fait de situer l’action dans le Nord-Pas-de-Calais (pardon, les Hauts de France) est une facilité on l’accorde mais le film évite tout de même la caricature et les clichés inhérents à la région et fleure bon le réalisme sur plein de petits détails (le speed par exemple ou encore la manière de dépeindre Dylan, le fils du personnage d’Audrey Lamy). L’histoire pourrait paraître un peu tirée par les cheveux mais ça passe crème malgré le côté déjà vu du magot que tout le monde recherche. Le final est juste un tantinet exagéré et improbable. Mais dès le générique on sent que l’on va passer un bon moment, jubilatoire et plutôt rare, et cette impression ne se démentira pas durant un long-métrage au rythme frénétique qui ne recule devant presque rien. Jusqu’à un épilogue heureux mais à la morale un peu douteuse. On adore ! Un bonheur total de comédie décalée et folle. « Dikkenek » n’a qu’à bien se tenir, « Rebelles » pourrait devenir culte.
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