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Le journalisme dans ses bons côtés.
Un bon vieux film sur le journalisme d’investigation ce n’est pas si souvent! Très à la mode dans les années 80 avec les œuvres d’Oliver Stone, Alan J. Pakula ou encore Sydney Pollack, ce type de long-métrage se présentait comme un contrepoids contestataire et engagé contre le pouvoir en place. Malheureusement, à une époque où le politiquement correct et l’absence de prises de risque sont devenus monnaie courante au cinéma, ce sous-genre du septième art est devenu plus rare. On a tout de même eu récemment quelques pépites sur le créneau comme l’oscarisé « Spotlight », qui revenait sur le scandale des prêtres pédophiles ou encore le magistral, « The Pentagon Papers », sur les documents du même nom, de Steven Spielberg. Ici, à la manière du « Frost/Nixon » de Ron Howard qui revenait sur l’interview du président américain par ce journaliste, « Scoop » revisite celle du prince Andrew par Emily Maitlis, une reporter star de la BBC.
Le script va nous révéler les dessous de cet entretien marquant qui faisait écho à l’amitié du prince britannique avec le financier Jeffrey Epstein. Sur cette toile de fond très abrasive, le film expose avec acuité les complexités actuelles du journalisme d’investigation en tenant compte des considérations morales, économiques et techniques d’une rédaction, des pressions que peuvent subir les journalistes ainsi que des enjeux d’une telle rencontre. Et sur un tel canevas, complexe à mettre en place si l’on veut être objectif, le film s’en sort admirablement. Pas trop poil à gratter et tentant de rester à la fois neutre et objectif, il n’est pas non plus inoffensif et frappe parfois là où ça fait mal : le trafic d’êtres humains et la pédophilie chez les grands de ce monde, l’impunité des puissants et de la royauté, la place de la femme dans le journalisme, ... Tous ces sujets sont ici traités, évoqués ou encore soulignés malgré leur côté délicat et presque secret.
Le long-métrage de Philip Martin est factuel et va à l’essentiel. Le cinéaste britannique, plus connu pour ses réalisations télévisuelles (« The Crown », entre autres), livre un travail concis et pertinent sur le sujet. Si « Scoop » ne brille pas particulièrement par sa mise en scène, certes efficace mais purement illustrative, le film s’avère captivant de bout en bout et sans une minute d’ennui. En choisissant de suivre les pas de quatre femmes qui ont œuvré pour que cette rencontre ait lieu avec des objectifs très différents pour chacune d’elles, il fait le choix d’une œuvre féministe mais qui paradoxalement n’est pas pour autant militante. En effet, le long-métrage expose simplement le travail de ces femmes journalistes ou attachées de presse et dresse un portrait d’elles flatteur sans pour autant sombrer dans l’hagiographie ou le film féministe combattant et pamphlétaire.
On perçoit ici parfaitement, les enjeux actuels rencontrés par la presse dite sérieuse. Une presse qui doit se remettre en question à l’heure où les gens s’informent de moins en moins par le biais des journaux écrits ou télévisés, où les fakes news et la désinformation pullulent et où la presse à scandale intéresse davantage le commun des mortels. Par l’affaire traitée ici (les rapports du prince Andrew avec le financier Jeffrey Epstein et sa compagne Ghislaine Maxwell), on pointe également du doigt les mœurs douteuses des puissants de ce monde et les dérives du patriarcat. Sujet plus commun actuellement et à la mode mais qui, traité par le prisme du journalisme, apporte un peu de fraîcheur à ces thématiques. Un peu comme un film récent et similaire mais méconnu, qui n’a pas connu de succès en salles : « She said ». Une œuvre forte et maîtrisée qui revenait sur l’affaire Weinstein dévoilée par le New York Times et donc la naissance du mouvement MeToo. Enfin, s’il est assez classique et sans surprise, « Scoop » demeure intéressant et instructif du début à la fin en plus de nous faire prendre le plaisir de quatre actrices impeccables et investies (avec en tête une Gillian Anderson encore une fois royale dans le rôle d’Emily Maitlis ainsi que la découverte Billie Piper). Du bon travail, à la fois divertissant et instructif.
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