Après J'ai tué ma mère, Les amours imaginaires et Laurence Anyways, le réalisateur Xavier Dolan proposera au public québécois son plus récent long métrage, Tom à la ferme, dès vendredi dans une quinzaine de salles. Il s'agit de son quatrième long métrage, qui prend l'affiche plusieurs mois après sa présentation au Festival de Venise, où il a remporté le Prix de la critique, et au Festival du Nouveau Cinéma, à Montréal.
Pierre-Yves Cardinal, Lise Roy et Evelyne Brochu font partie de la distribution du film, tandis que le réalisateur incarne aussi le personnage principal, Tom, un jeune montréalais qui se rend dans la ferme familiale de son amoureux Guillaume après la mort de celui-ci. Il y découvre que le frère de celui-ci, Francis, a menti à sa mère concernant Guillaume et qu'elle ne sait rien de Tom.
Xavier Dolan s'est donc inspiré d'une pièce de théâtre de Michel Marc Bouchard afin d'élaborer son scénario. « J'ai vu Tom à la ferme au théâtre en janvier ou février 2011, alors que j'étais en pleine production pour Laurence Anyways. Dès que j'étais sorti, j'avais demandé à Michel Marc qui allait l'adapter pour le cinéma... Je n'avais jamais adapté ni travaillé avec un coscénariste, alors pour savoir les rouages je m'étais dit qu'on allait le faire ensemble. »
Qu'était-il important de faire ressortir de la pièce? « Je voulais faire ressortir des choses qui n'étaient pas nécessairement présentes, parce que le théâtre étant dans l'instant présent, il ne permettait pas de construire de la peur ou un climat anxiogène. Il y a des choses qui étaient très très très bonnes, mais qui étaient très théâtrales, qui appartenaient à la scène. Nous, on devait en délester le film; tsé, il y avait une voix off, une narration. Ensuite, dans la pièce il y a dix scènes, il y en a 110 dans le film. »
« La langue de Michel Marc Bouchard est très naturaliste, il n'y a pas d'imposture dans l'écriture de ses dialogues, il est naturel, simple, souple. Mais il est très poétique aussi. »
« Tom à la ferme, stylistiquement et thématiquement, c'est un décrochage pour moi. La structure narrative est complètement différente de mes autres projets, le film se passe sur une durée de temps assez limitée, dans un lieu exclusif, il y a sept personnages seulement dans le film. Je savais que ça allait être complètement autre chose. Je n'avais pas envie de faire des grands dolly pis des mouvements de grues, Tom à la ferme pour moi, c'était : plan d'ensemble, plan large. »
« Je me suis dit qu'il fallait enlaidir Tom, ou en tout cas, qu'il ne fallait pas le magnifier, jamais. Je voulais que les lieux, que les vêtements, ce soit ordinaire, je voulais que tout soit normal. Que ce soit pratiquement documentaire. »
« C'est le premier film où j'ai commencé à m'interroger sur ce que ça voulait dire un close-up, à ce moment précis. Pas ce que moi ça me tentait de faire, ce qui allait être beau, mais à ce que ça voulait dire narrativement, en quoi ça faisait avancer la scène. Dans tous mes autres films, il fallait que je me soucie du rythme. Évidemment, mes choix sont orientés différemment si je dois me soucier du rythme et de la tension. Tout a une valeur : le mouvement du dolly annonce quelque chose de tellement grave dans le film, que s'il est gratuit, c'est un fail majeur. »
« J'ai trippé avec André Turpin à découvrir ça. Sur Laurence il y avait une liberté explosive où je faisais ce que je voulais, c'était pour moi le free-for-all, mais là, pour Tom à la ferme, je ne faisais presque jamais ce que je voulais. Personne ne m'obligeait à rien, je faisais les choix moi-même, mais c'est le premier film où j'ai vraiment eu une discussion sur le choix des objectifs, de la musique, des sons. Ça a vraiment été une expérience marquante pour moi. »
Comment se diriger soi-même? « J'ai une inclinaison automatique à aller voir ma scripte juste après la scène. Après ça c'est le directeur-photo; j'avais une confiance aveugle en André Turpin par rapport à son jugement pour le jeu. Sinon, je regarde le moniteur, je suis capable de me dire : « On la refait, c'était dégueulasse ». Je suis capable d'aimer une scène dans laquelle je joue, et de la détester aussi. Ça, c'est le réalisateur en moi. »
Tom à la ferme est distribué par Les Films Séville.