La comédie romantique Chez les beaux-parents fait le pari de courtiser le public dans les deux langues officielles à travers l'histoire d'amour unissant Gordon (Zach Braff), un professeur d'anglais américain un peu coincé, et Sophie (Evelyne Brochu), une cheffe québécoise dont la réputation n'est plus à faire.
Leur couple est mis à l'épreuve pour la première fois lorsque Sophie obtient la chance de devenir la cheffe du nouveau restaurant de son ex (Vanessa Hudgens), au Château Frontenac. Pour Gordon, le temps est venu de découvrir le passé de sa douce moitié, et de faire la connaissance de sa belle-famille, pour le meilleur et pour le pire.
Suivant la formule éprouvée d'un Meet the Parents, le long métrage démontre bien qu'au-delà de la barrière linguistique, un bon gag reste un bon gag.
Nous avons eu l'occasion de nous entretenir avec Evelyne Brochu, Charlotte Aubin et Antoine Olivier Pilon, les interprètes de trois membres de la famille Tremblay, à quelques jours de la sortie du film dans les cinémas de la Belle Province.
D'abord, les trois comédiens s'entendent pour dire que c'est l'amour, la bienveillance, émanant du scénario des réalisateurs James A. Woods et Nicolas Wright qui les a d'abord interpellés. Une légèreté qui était tout aussi présente sur le plateau.
« Il y a beaucoup de tendresse, ce n'est pas de l'humour cynique. Il y a de grands numéros d'humour de situation qui ont du mordant. On se niaise entre nous, il y a de l'humour au sein de la famille, dans la façon dont on se parle », souligne Evelyne Brochu.
« Je me suis beaucoup identifiée au personnage. Je suis la ''french girl'' de quelqu'un, je viens de Québec, je suis très attachée à ma grand-mère, j'ai passé tous mes étés à Beaumont, qui ressemblent aux lieux où se passe le film. »
« Les deux réalisateurs étaient très généreux, ils nous faisaient confiance. Ça nous a permis d'être libres de faire de l'improvisation, de travailler en collaboration. [...] Il y avait un jeu de ping-pong qui était vraiment enthousiasmant, dans lequel on pouvait se révéler comme acteur et apporter de l'eau au moulin », poursuit Charlotte Aubin, qui incarne Juliette Tremblay.
Une scène du film Chez les beaux-parents - Entract Films
Évidemment, la participation de vedettes américaines comme Zach Braff et Vanessa Hudgens n'a rien d'anodin. Et encore là, les principaux intéressés ne tarissent pas d'éloges quant à l'attitude et à l'apport de leurs collègues anglophones durant le tournage.
« Comme pour n'importe quelle rencontre, il y avait un peu de gêne au début, mais Zach a été vraiment cool. On a eu l'opportunité de connecter à l'extérieur du plateau, j'ai beaucoup aimé ça », se souvient Antoine Olivier Pilon, qui incarne Junior Tremblay.
« Avec Zach, ç'a été plusieurs soupers. Il fallait créer une chimie. Il a été hyper généreux et sympathique. Il m'a offert un couteau japonais, il a pris le temps de découvrir la ville et de m'offrir ce cadeau symbolique », se remémore Évelyne Brochu.
« Zach était tellement généreux de ses idées. S'il avait une idée de réplique pour mon personnage ou celui de quelqu'un d'autre, il n'hésitait pas à la partager. Il y avait une belle cohésion d'équipe », ajoute Charlotte Aubin.
Leur mère respective étant Québécoise, les deux réalisateurs voulaient dépeindre la culture de la Belle Province avec respect, et surtout en évitant la caricature. Ce qui ne veut pas dire, néanmoins, que le duo ne se permet pas de s'amuser aux dépens de certains travers assez communs dans bien des familles d'ici.
Même chose quant au traitement des lieux. S'ils offrent, certes, une belle carte de visite de la Vieille-Capitale, Woods et Wright s'assurent de toujours utiliser leurs personnages comme principal moteur de leurs images.
« Ce regard que posent Nicolas et James sur la famille québécoise est très aimant, très admiratif, très tendre. Je les reconnais, ces personnages-là. Je pense qu'en comédie, la clé de la surprise, c'est d'avoir un effet de reconnaissance, et après de créer des situations surprenantes. Pour moi, cet effet-là est garanti », soutient Evelyne Brochu.
« C'est juste la bonne ligne. Il y a de l'amour dans les choix visuels, dans le style d'acteurs qu'ils ont choisis, dans la manière dont sont présentées les choses. »
« Autant on célèbre la culture et les traditions québécoises, autant on est capable de rire de nous. Le tout avec énormément de tendresse, d'amour, de lumière », poursuit Charlotte Aubin.
Une scène du film Chez les beaux-parents - Entract Films
Nous remarquons depuis le début de l'année 2024 une certaine volonté dans le cinéma québécois de s'accomplir et d'élargir ses horizons en collaborant davantage avec des artisans et des producteurs étrangers.
À l'heure de la mondialisation, des plateformes numériques et du partage des cultures, les trois comédiens voient d'un bon oeil ce genre d'échanges qui, comme le démontre le présent long métrage, peuvent se matérialiser au-delà de la francophonie.
« Je pense que pour qu'une culture puisse vivre, il faut la garder hyperactive, et il ne faut pas créer de clash entre les générations. Je trouve ça très beau que notre culture puisse voyager dans des territoires où, habituellement, la francophonie québécoise peut être un peu nichée pour quelqu'un qui n'y a pas accès. De la découvrir par le biais du cinéma, de l'humour, de l'amour, je trouve ça logique. C'est même rassurant, en fait », soutient Charlotte Aubin.
« Je pense qu'on pourrait prendre plus de risques et être un peu plus fier de nos réalités, de nos univers, de notre territoire. Il y a quelque chose à explorer. On pourrait être un peu plus audacieux dans la façon dont on se présente et partage notre culture. On a des acteurs exceptionnels et des créations qui mériteraient cette liberté de voyager. »
« Si on leur offre des films où il y a une collaboration entre deux langues comme ça, je pense qu'il y a définitivement place à ce qu'il y en ait plus. Pour moi, c'est ce mariage-là que j'aime voir. Et je pense que c'est une bonne façon de défendre notre langue, mais aussi d'ouvrir les portes à ceux qui sont intéressés à en découvrir davantage sur notre culture », conclut Antoine Olivier Pilon.
Chez les beaux-parents prend l'affiche partout au Québec ce vendredi 15 mars.