Le film Angèle et Tony, premier long métrage de la réalisatrice française Alix Delaporte, prend l'affiche ce vendredi au Québec. Le film met en vedette Clotilde Hesme et Grégory Gadebois dans les rôles principaux, ceux d'une jeune mère qui cherche à retrouver la garde de son fils en reprenant sa vie en mains auprès d'un pêcheur de Normandie.
La réalisatrice signe aussi le scénario de son premier film, qui est inspiré des paysages de son enfance. « Quand on écrit, on cherche des héros. Nos personnages, on les voit comme des héros, on n'écrit pas des personnages que personne ne regarde... et bien moi, les pêcheurs, ce sont les héros de mon enfance. Ils ont la capacité de partir loin, seuls, à la mer, sur un bateau... »
Est-ce que d'avoir écrit le scénario vous donne un avantage? « Je ne me sentirais pas moins responsable si je n'avais pas écrit le scénario... Je ne sais pas ce que ça changerait. Ça rend les choses beaucoup plus personnelles. »
« Dans l'écriture, il faut garder la spontanéité, il faut oublier tout ce qu'on a appris sur le premier pour ne pas être influencé. Bon, c'est un film d'auteur, donc on n'est pas influencé. On a tellement peu d'argent pour les faire, des comédiens pas connus, au moins on a une liberté énorme. L'avantage de ne pas avoir beaucoup d'argent c'est qu'on a le pouvoir. »
Vous retrouvez dans votre film des comédiens que vous connaissez. « J'ai fait mon deuxième court métrage avec Clotilde Hesme. Mais quand j'ai écrit mon premier long métrage, plus j'écrivais, moins je pensais que c'était elle. J'ai vu 60 actrices. J'ai vu toutes les actrices françaises, mais finalement... C'était elle depuis le début, mais je n'avais pas envie que ce soit si évident. »
« Clotilde c'est une bombe atomique, ça je le savais. C'est quelqu'un de très costaud physiquement, de très engagé sur les films... »
Et pour Grégory Gadebois? « Je pense que j'ai écrit pour lui... Non, c'est pas ça : un jour j'étais au théâtre et j'ai vu Clotilde et Grégory jouer une pièce ensemble. Ils se connaissent, ils ont fait le conservatoire ensemble, ils sont amis dans la vie. Je me suis dit que j'allais travailler avec eux. Quand j'ai compris que Tony serait un marin-pêcheur, le film est devenu très facile à écrire. »
Pourquoi chercher vos comédiens en casting alors qu'ils teintaient votre travail depuis le début? « Quand on travaille, l'étape du casting c'est une étape vachement intéressante. C'est difficile de sortir le mieux d'une actrice en casting. J'avais envie de passer par cette étape-là, l'apprentissage, tout ça. J'avais vraiment envie de rencontrer des comédiennes; pas juste pour voir des filles connues, parce que moi je prends jamais des filles connues, mais j'avais besoin de cette étape-là. »
Or, Grégory Gadebois n'est pas exactement comme on imagine habituellement les héros de cinéma... « Justement, c'est ça qui est excitant. Prendre un gars, dont se dit qu'il a une drôle de tête, qu'il est très costaud... mais il a une présence! Personne ne se dit que ça peut marcher entre eux deux, ils sont trop différents. À la fin, moi, il me fait terriblement craquer... Je me disais : ça sera réussi si les femmes ont envie d'être dans les bras de Tony. Au début on se dit qu'il n'a aucune chance de choper une fille comme ça, et à la fin, tout ce qu'on souhaite c'est qu'il veuille bien l'épouser. »
« J'adore ce personnage qui ne parle pas, a l'air hyper simple, mais qu'en fait il est super intelligent instinctivement; il a tout compris. Il sait que s’il couche avec elle le premier soir, c'est fini, il ne la reverra plus. Je trouve ça beau. Elle elle a compris que lui, il peut l'aider. C'est deux-là me touchent beaucoup. »
Sur le plateau, avez-vous l'espace pour redécouvrir votre film? « J'ai récrit toutes les scènes tous les matins. Oui, on a l'espace. Quand tu démarres le tournage, que c'est ton premier film, tu ne peux pas avoir un résultat qui ressemble à ce que tu as imaginé. Il t'arrive tellement de choses, entre les problèmes de la costumière, de maquillage, du décor... il faut tout le temps ajuster. Et si tu ajustes, tu ajustes aussi le film. Le tournage, c'est une deuxième écriture. Et le montage une troisième... »
Angèle et Tony prend l'affiche à Montréal et à Québec ce vendredi.