Suzanne

Katell Quillévéré trace un portrait troublant d'une femme éprise d'absolu, inconsciente des dommages collatéraux provoqués par ses décisions, qui rappelle à bien des égards l'héroïne de son premier film.

Tourné de façon très naturaliste, le film se décline comme une galerie de sentiments aigus, exacerbés tels l'amour, la colère, la honte, la peur, les petits bonheurs faciles, sans jamais être appuyés.

Au-delà des défi narratifs (notons d'ailleurs que de la reconstitution de l'ambiance des années 80 au vieillissement progressif des personnages, le film demeure crédible), Suzanne vise surtout l'imagination et le bouleversement du spectateur.

De surcroît, les thèmes de l'amour, de la passion et des choix déchirants ne tombent jamais dans le larmoyant. Le scénario, qui a aussi reçu un César, explore avec beaucoup d'humanité cette gamme d'émotions.

Alors que le scénario a tôt fait d'arriver à destination, les interprètes relèvent constamment les enjeux. Sara Forestier trouve son meilleur rôle depuis Le nom des gens, étant crédible en femme pas toujours mature qui n'aurait pu être que vacuité.

Suzanne est un film relativement court dans sa durée, mais incroyablement ample dans sa chronique des quelques 25 années dans la vie de son héroïne.

Sara Forestier court tout droit vers un troisième César.

Sara Forestier, assez exceptionnelle, intériorise son jeu.

Un film romanesque et virtuose avec l’ouragan Sara Forestier.

La jeune réalisatrice Katell Quillévéré signe un superbe portrait de femme citant abondamment Pialat, avec dans le rôle-titre une incandescente Sara Forestier.

Reste le principal, sans lequel Suzanne ne serait pas ce qu’il est, un film émouvant et attachant : Sara Forestier et Adèle Haenel.