Sur la piste du Marsupilami

Assemblage dynamique et coloré de styles et de genres, sa comédie burlesque est portée par l'énergie quasi juvénile de ses interprètes.

Si on peut reprocher à ce Sur la piste du Marsupilami d'être trop léger et enfantin, on ne peut que saluer l'immense respect de cet hommage à l'un des personnages les plus aimés de la BD.

Alain Chabat a beau tirer profit de la jungle luxuriante (celle du Mexique et de la Malaisie) et du tandem comique qu'il forme avec Debbouze, le film ne décolle jamais. Qui plus est, le réalisateur laisse son esprit grinçant de côté pour critiquer gentiment l'obsession de la jeunesse, la manipulation des médias et la fausse conscience écologique. Puéril.

Pour deux gags réussis et bien amenés, deux foireux et superflus: ainsi oscille Sur la piste du Marsupilami entre l'éclair de génie, la plate médiocrité et, par bonheur pas trop souvent, la farce éventée.

Voilà des mois, des années même, que l'on trépigne d'impatience à l'idée de découvrir le Marsupilami version Alain Chabat. C'est désormais chose faite. Et on en ressort... hilare !

Alors que la plupart du temps, les comédies de ce calibre transpirent le cynisme et l'âpreté au gain, Chabat a un don particulier pour rendre tout sympathique, y compris les faiblesses de certains gags ou de la mise en scène.

Absurde et fantaisiste, Sur la piste du Marsupilami déroule un surréalisme familial. Nulle volonté ici d'être à la mode.

J'y vois, moi, un cocktail de fruits frais rehaussé d'un soupçon de frissons aux poils des bras (une scène déjà cultissime à vous exploser l'élastique) et allongé de quelques pitreries cuisinées par Jamel Debbouze, Patrick Timsit ou Fred Testot. Je n'en commande pas des caisses, mais celui-là, je le bois sans problème. 

Le résultat, amicalement surveillé par l'éditeur Jean-François Moyersoen, gardien du temple de l'esprit Franquin, colle tout à fait à l'univers du rebondissant petit personnage. Bien sûr, l'humour décalé des Nuls imprègne le film de bout en bout. Mais le résultat reste un spectacle familial jalonné de quelques séquences mémorables.

Situé dans une Amérique latine d'opérette, le récit fait joyeusement s'entrecroiser ces personnages dans des rebondissements plus ou moins incongrus, dont la mise bout à bout forme une aimable parodie de film d'aventures.

Car si ce « Marsupilami » souffre d'imperfections chroniques (scénario qui couine, virtuosité un peu bancale), son film crépite d'idées et d'énergie.

On retrouve le ton tendre et blagueur du dessinateur, son humour potache et sa délicieuse Palombie, concentré de clichés sur l'Amérique latine.

Avec cette bande de personnages catastrophes, Alain Chabat fomente des coups d'État ou s'enfonce dans la jungle, chez les Indiens Payas aux rites curieux, fait un clin d'œil à L'Oreille cassée ou au Temple du Soleil, tout en gardant un tempo à la Belmondo. Bref, il invente une comédie d'aventures exotique et bordélique, joyeux bric-à-brac bariolé, farfelu, bourré de trouvailles délirantes.