Amour

La mise en scène au cordeau, alternant plans fixes savamment composés et mouvements de caméra souples mais précis et économes, sert admirablement les extraordinaires Jean-Louis Trintignant et Emmanuelle Riva, au sommet de leur art.

Amour aurait été un exercice interminable s'il n'était porté par deux performances d'acteurs qui défient l'entendement. Le grand Jean-Louis Trintignant adopte un jeu minimaliste vibrant dont chaque regard transmet les profondes émotions qui déferlent chez Georges. Quant à Emmanuelle Riva, elle incarne une malade tellement crédible qu'on souffre avec elle.

Prepare for an emotional wipeout.

Ce film, comme la plupart des films de Haneke d'ailleurs, est impossible à oublier et il nous laisse sur des émotions aussi contradictoires que la détresse et la tendresse.

D'une précision chirurgicale, dénué de pathos, ce huis clos offre une vision sans complaisance mais non sans respect de la vieillesse.

Miroir sans tain de la condition humaine dans ce qu'elle a de plus trivial et de plus sublimé, Amour, dernière palme d'or du Festival de Cannes, est un film dont on ne sort pas indemne. Osons le mot chef-d'oeuvre.

Toute cette procédure d'épreuves se découpe en morceaux de bravoure touchants, Riva se glissant dans la peau de la malade avec une rare justesse de jeu. Aussi fragile, Trintignant rompt momentanément sa retraite volontaire et permet à la mise en scène maligne de Haneke de faire son oeuvre.

C'est probablement surtout en raison de ce constat d'impuissance terriblement nihiliste mis en évidence sans le moindre pathos par un Michael Haneke en pleine maîtrise de son art qu'Amour fait si mal!

Consummate acting helps ease a painful watch, as Michael Haneke describes the ultimate test of love in a profoundly honest study of sickness and dying.

Palme d'or évidente à Cannes, Amour ne fait aucun cadeau dans ce qu'il dit des hommes et de leurs sentiments. Tout cela transforme un simple film en (chef-d') oeuvre inoubliable.

Un film qui, par ses échappées mélomanes et ses gros plans sur les tableaux dans l'appartement, réaffirme aussi la place de l'art, le bonheur d'écouter une musique triste ou de contempler la peinture d'un paysage désolé. Il est permis de prendre plaisir à ce cinéma funeste, de savourer intensément ses ténèbres et d'en sortir heureux.

En fait, Haneke aurait tout pour égaler Bergman. Il lui manque seulement la compassion, qu'il remplace par de la rigueur. Mais la rigueur comme la sensiblerie, quand elles sont exacerbées, c'est de la pure complaisance.

Dans un huis-clos somptueux, Haneke affronte la terreur de la mort à travers le dernier face-à-face d'un très vieux couple.

Amour est un film immense, un de ces films qui touchent à ce que l'humanité a de plus intime et de plus tragique ; qui vont chercher les larmes au tréfonds de votre être, vous laissent pantelant pendant un bon moment après en être sorti.

Jean-Louis Trintignant et Emmanuelle Riva, éblouissants dans ce film au ton juste.

Emmanuelle Riva et Jean-Louis Trintignant, éblouissants.