Les plus geek d’entre-nous s’en souviendront peut-être : en 2005, pendant que Brett Ratner préparait le troisième volet de la franchise X-Men – envers et contre tous... – le titre du film a été changé. De X-Men 3 il est passé à, croyait-on, X-Men 3: The Last Stand. Erreur (qui a rapidement été corrigée)! Le titre officiel du film était en fait : X-Men: The Last Stand (sans le 3, donc). Alors que depuis des années on allait voir avec beaucoup de plaisir The Godfather Part II, Leathal Weapon 4 et Jaws 2 (entends-je un Naked Gun 33 ⅓ : The Final Insult au fond de la salle?) sans que personne n’y voit le moindre inconvénient, voilà que la mode en serait maintenant aux titres sans leur numéro.
Viendraient donc les Aliens vs Predator : Requiem, Underworld: Evolution, Resident Evil: Apocalypse et l’infâme Rocky Balboa, sixième film d’une franchise si savamment nommée Rocky 1, 2, 3, 4 et 5. Bon, les temps changent, je suppose.
Nous arrivait cette semaine ce qui sera le film québécois le plus populaire de 2008, Cruising Bar 2. Pas Gerard’s Return ou The Ver de terre Strikes Back et surtout pas – oh non! - Cruising Bar : Last call on ferme!. Simplement un bon vieux 2 bien senti qui nous indique déjà que Cruising Bar 2 est comme le premier, que les gens qui avaient apprécié il y a dix-neuf ans risquent d’y trouver leur compte et que les autres devraient passer leur chemin sans avoir à déclencher de Guerre Civile.
Alors que mon collègue Marc-André Lussier pose la question : un film populaire est-il forcément bon? sur son blogue aujourd’hui (un peu comme je me demandais, dans ma critique, si un film est drôle parce que quelqu’un rit), on n’a pas d’autre choix que de sympathiser, témoins les « c’est le film le plus populaire au box-office, il doit bien y avoir une raison » accumulés dans ma boîte de courriels à chaque fois qu’un film ne fait pas l’unanimité entre critique et public. Cruising Bar 2 a amassé près d'un million $, est premier aux box-office probablement pour une ou deux autres semaines, je dois bien m'être trompé quelque part...
Pour mettre les choses au clair tout de suite et sans plus de cérémonie : tant mieux si vous aimez, public, vous le méritez bien. Se détendre et se divertir, c’est une chose, mais elle me semble bien mince quand il est question de cinéma. Le septième art doit surprendre, prendre au dépourvu, émouvoir, mais certainement pas que « divertir ». Un chien qui fait tourner un ballon sur son nez, c’est divertissant, des enfants qui posent des questions d’enfants, c’est divertissant aussi; le cinéma, c’est bien d’avantage que ça. Aux dernières nouvelles en tout cas.
Difficile de savoir ce qui fait un « bon » film. Probablement pas d'avantage l'approbation critique que l'approbation publique. Mais quoi alors? Est-ce qu'un film qui n'est pas mauvais est nécessairement bon? Est-ce qu'un « bon » film, c'est suffisant?
Pour prouver que je respecte beaucoup le public malgré ce que certaines personnes pourraient croire, je demande humblement la permission d'emprunter l'une de ses expressions préférées : « attendre en vidéo ». Un film qui n'est pas si bon, vaut mieux « attendre qu'il sorte en DVD ». Pire encore, on pourrait devoir attendre pour « le louer un jour de pluie ». Et il y a même pire : « attendre qu'il passe à la télé ». Et, croyez-le ou non, on a même inventé pire encore : « attendre qu'il passe un dimanche après-midi pluvieux pendant l'hiver s'il n'y a rien d'autre aux autres postes ». À ce compte-là, est-ce que ça ne serait pas mieux pour tout le monde de faire autre chose?
Classez Cruising Bar 2 dans la catégorie que vous voudrez, on ne peut pas avoir tort à ce jeu, semble-t-il.